Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 33]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

e,

PRoGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

ET DE; LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

manières très-différentes. Si l'on considère en premier lieu les couches minces ou bien l'enlèvement d'une des tranches des gîtes puissants, on rencontre les méthodes d'exploitation dites par massifs courts ou par massifs longs, suivant que le traçage est resserré ou conduit à larges mailles. Le traçage par massifs courts, ou pannel work, se rencontre, par exemple dans les houillères de Newcastle ou du Lancashire, avec des piliers de Itc, mètres, et encore plus resserré dans des mines de fer très-solides, telles que celles de Mazenay. On le trouve aussi dans certaines parties des

distinctes, suivant que ces tranches sont horizontales ou inclinées. Les premières se voient au Stahlberg, dans les schistes alumineux du pays de Liége, les calamines de haute Silésie, etc. Les tranches inclinées ont été employées à Blanzy, à Rochebelle, à Zwickau en deux tranches de 5 mètres, à Dombrowa (Pologne) (1) en deux tranches de 6 mètres, etc.

42

houillères de Bességes et de Rochesadoule, avec cette particularité que le traçage s'y fait en demi-pente, circonstance que l'on observe aussi dans les remorces de la Mure. Le mode des massifs longs se pratique ordinairement en ménageant les piliers en direction. Cependant, on le peut aussi en montant comme dans le système appelé long work en Angleterre. C'est une sorte de méthode par longues tailles montantes avec tombée du toit, après qu'on a ménagé les chemins d'air et de roulage pour

se relier aux voies de fond. On y voit parfois des fronts de taille de [toc, à ti5o mètres (1). Dans le bassin de Sarrebruck on rencontre également les deux modes.

La méthode des massifs longs en direction présente elle-même deux variantes, selon qu'on dépile en chassant ou suivant l'inclinaison. Le premier mode se rencontre, par exemple, à Roche-laMolière, BrUay, , Ahun , Zwickau .(Saxe), Bochum (Westphalie), Szekul (Banat), en Angleterre, etc. Quant au dépilage montant, il peut de son côté se faire de deux manières différentes. Dans la première, on prend les enlevures successives toujours dans le même sens. C'est ce qui se voit à la Machine (Deeize), Ronchamp, Graissessac, la Grand'Combe (couche mince du Gouffre) ; et sur de grandes puissances à Roche-la-Molière, à Kcenigsgrube (Silésie), en Saxe, et surtout autrefois à Lucy (Saône-et-Loire). Dans l'autre mode, on dépile en montant pour une partie de la viaille, et l'on reprend le reste en descendant avec éboulement sur toute la largeur, comme à Lens, à Beaubrun, à Kladno, etc. Les grandes chambres du Staffordshire et de Pennsylvanie (2) se rapportent également à ce type. Quand le gîte devient décidément trop puissant, on divise l'épaisseur en tranches, ce qui donne lieu à deux méthodes bien (r) Alfred Évrard, Traité pratique d'exploitation dês mines, t. I, p. 344. (2) Sauvage, Annales des mines, 7° série, tome VII, page 222, Henry, Bull. de la Société de l'industrie minérale, se série, t. VII, p. 60o.

Quant à la limite qui sépare, pour le choix de la méthode, les couches minces des gîtes puissants, rien n'est pins élastique. La dimension qui se prête le mieux aux méthodes en une seule tranche est de 2 à 3 mètres. Mais on les applique encore, quand le toit s'y prête, à des épaisseurs de 5 mètres, comme en Saxe et en Silésie ;

dans le Staffordshire, on est arrivé à 9 mètres, et dans certaines parties de Lucy, au chiffre exorbitant de az mètres, avec des difficultés spéciales tenant à la barre blanche. 3' Remblai. Le grand mouvement qui a marqué le milieu de ce siècle, pour la substitution aux anciens procédés de ceux qui sont fondés sur le remblayage complet, n'a cessé de se développer pendant la période qui s'achève en ce moment. Les avantages de ce principe sont en effet évidents, et il convient de dire qu'une exécution de plus en plus soignée du remblayage, en augmentant peu les dépenses, les utilisera mieux encore pour donner à ces méthodes toute leur valeur. Le principal avantage est de permettre théoriquement d'enlever la totalité du gîte, tandis que l'éboulement et l'abandon de massifs déterminent une perte toujours sensible et parfois énorme. L'hésitation n'est pas permise quand les minerais prennent quelque valeur ou lorsqu'ils fournissent du stérile à pied d'ceuvre. En outre, le remblayage ménage mieux que l'éboulement la surface quand elle est proche, et diminue par là les contestations et indemnités, ainsi que l'introduction des eaux superficielles. Il présente plus de sécurité pour les hommes dans les chantiers. Enfin il permet de réduire autant que possible, dans les gîtes grisouteux, les vides soumis à l'influence des variations barométriques. Par contre, bien entendu, il entraîne un chapitre spécial de dépenses dans le prix de revient (2). (r) Jakowski, Bulletin de la Société de l'industrie minérale, e série, tome V, page 353. (z) On consultera avec intérêt, comme exemples de prix, l'excellent mémoire de M. l'ingénieur des mines Amiot sur l'exploitation des couches puissantes (Annales des mines, série, tome IV, page 165); la communication de M. Fayot, ingénieur en chef de Commentry (Compte rendu mensuel, juin 1878, page 121), etc.