Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 326]

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BULLETIN. BULLETIN.

dissout une plus ou moins grande quantité des protoxydes qu'ils renferment. Pour faire l'attaque, on place quelques grains de feldspath dans un petit flacon à large ouverture bouché à l'émeri, et l'on verse dessus quelques gouttes d'acide chlorhydrique concentré. On laisse agir l'acide pendant 2LL heures dans le flacon bouché. Après ce temps, on essaie la coloration de la flamme, en y introduisant un fil de platine trempé dans l'acide. On se sert d'un fil un peu gros (de la grosseur du fil de piano dans les hautes octaves). On tourne le bout du fil en double spirale, pour augmenter la quantité de liquide retenue. La flamme est toujours colorée en jaune; mais la couleur est très-faible si le feldspath soumis à l'attaque est un feldspath acide sodique et potassique; elle commence à être plus vive si le feldspath est de l'andésine; elle devient très-forte si l'on a affaire au labrador ou à l'anorthite. Avec un fil fin, la volatilisation des chlorures serait très-rapide; mais l'emploi d'un gros fil la ralentit et il se produit deux phases. Dans la première, c'est le calcium (dont le chlorure est le moins fixe) qui se volatilise tout entier en entraînant un peu de sodium, mais pas de potassium. Dans cette phase, le jaune du sodium est plus ou moins rougeâtre, et on peut le constater même à Pceil nu. Mais il est préférable de se servir d'un spectroscope à vision direc te.

La volatilisation, d'abord très-rapide, subit un léger arrêt, et l'on observe la seconde phase, pendant laquelle la majeure partie du sodium se volatilise, entraînant d'abord le potassium, puis en dernier lieu le lithium dont la volatilisation dure même plus longtemps que celle du sodium. L'emploi de la solution d'indigo permet de constater la couleur du potassium au milieu de la flamme jaune du sodium. On peut aussi employer le spectroscope qui permet de reconnaître facilement le lithium. On répète ces essais plusieurs fois en plongeant la spirale dans la solution. Il est commode d'avoir l'aide d'une seconde personne, car la période de volatilisation du . calcium apparaît vite et dure peu de temps. Il convient donc d'appliquer l'oeil au spectroscope avant que la solution soit introduite dans la partie infadeure de la flamme (sous cheminée. Avant de commencer l'essai, il faut se convaincre qu'au fil de platine n'adhère pas de substance colorant la flamme; à cet effet on l'expose à la plus haute température, d'abord sec, puis mouillé d'aciAe, chlorhydrique. L'emploi de l'acide chlorhydrique est encore plus utile pour

reconnaître les feldspathides ( amphigène, néphéline, noséane, haüyne, sodalithe) souvent associes aux feldspaths dans les roches volcaniques. Tous ces minéraux sont fortement attaqués par l'acide chlorhydrique, et la solution donne à la flamme des colorations tout à fait différentes de celles qui sont données par les solutions du labrador et de l'anorthite. On constate une grande quantité de potassium et de sodium, qui entrent bien dans la composition de Porthose, de l'albite et de l'oligoclase , mais qui ne se dissolvent à peu près pas dans l'acide. Les essais, par voie sèche feraient constater encore d'autres différences notables. Le tableau ci-contre (p. 634) résume les observations précédentes et indique /a marche de l'opération. L'auteur recommande d'inscrire les résultats des observations dans un tableau analogue. Dès que toutes les colonnes du tableau sont remplies, on peut fixer le nom de l'espèce feldspathique. Si la substance ne peut être obtenue en quantité suffisante, si elle est dans un état de conservation imparfait, les résultats peuvent être douteux, mais il sera toujours possible de placer la substance inconnue entre deux espèces feldspathiques voisines. Il est bon de ne pas se contenter d'un essai unique. On peut faire deux essais à la fois, en introduisant deux fils de platine dans deux parties opposées de la flamme. Les supports des fils sont placés sur une plaque de verre poli pour éviter les secousses qui pourraient faire tomber les fragments adhérant à l'anneau de platine. L'étude par la flamme du bec Bunsen peut être utile pour des minéraux autres que les feldspaths. C'est ainsi que, dans la famille des amphiboles et des pyroxènes, se trouvent des espèces contenant des alcalis et dont la fusibilité est comprise entre i et 5 comme celle des feldspaths. Les zéolithes peuvent aussi être très-convenablement classés par l'observation de la chaleur et de la flamme. Alais c'est pour les feldspaths que le procédé a été créé, et la distinction des feldspaths entre eux a la plus grande importance en litho-

logie, car l'association des diverses espèces de cette famille est, entre certaines limites, en rapport avec l'âge relatif des roches éruptives de la même catégorie. La figure ci-jointe (p. 635) montre l'arrangement de l'outillage, qui est bien simple. On voit à droite et à gauche une pile de capsules en

porcelaine, munies de couvercles. Dans une des capsules supérieures se trouve l'eau distillée ; dans une autre, du gypse en poudre. Dans les capsules inférieures se placent les fragments du minéral à étudier. En avant est une plaque de verre au-dessous de laquelle se trouve du papier noir sur lequel on place le fragment TOME XV, 1879.

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