Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 278]

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LA MÉTALLURGIE

pour eux ce qui était arrivé pour la cornue Bessemer ; on reconnut à la pratique que le travail y était d'autant mieux assuré que la capacité intérieure des fours était plus grande : pour ne parler que des fours Siemens à fondre les métaux, l'acier notamment, au lieu de laboratoires pouvant fondre 2 à 3 tonnes par opération, on préféra bientôt des laboratoires capables de 5, Io, et même de 15 et 20 tonnes, comme on en rencontre déjà beaucoup aujourd'hui.

En même temps qu'on reconnaissait la supériorité de ces fours agrandis, on revenait aussi des formes plus ou moins compliquées, données trop souvent dès le début, au profil intérieur des réverbères

à des voûtes à double ou triple courbure, épousant toutes les ondulations de la sole, par exemple dans les fours à bassin intérieur, on substituait des voûtes à simple courbure, cinSiemens

trées en sens contraire de la sole, de façon à présenter le maximum de hauteur au milieu du four. Il devenait facile de disposer alors les carneaux d'arrivée d'air et de gaz, de façon à éviter les coups

de chalumeau sur les parois et surtout sur la voûte; on réduisait d'ailleurs le nombre de ces carneaux; parfois à deux pour le gaz et un pour l'air, et même à deux (un pour gaz et un pour air). Par ces modifications de profils et dimensions, on parvenait, en un mot, et particulièrement en France, à tirer des fours Siemens tout ce qu'ils pouvaient donner sans s'exposer à les détruire, ou à les user en quelques jours, comme cela n'arrivait que trop souvent à l'origine de ce procédé. Il est à peine utile d'observer qu'à mesure qu'on savait mieux calculer leurs dispositions intérieures, on soignait davantage leur construction, nous le verrons dans l'un des chapitres suivants. Dans certaines usines (en Autriche surtout), on a modifié plus profondément les fours Siemens 10 On a renoncé à l'un des dispositifs auquel M. Siemens tenait beaucoup à l'origine de son invention : on a supprimé la conduite refroidissante du gazogène au four ; rapprochant le premier du

second, on a pu ainsi amener encore chauds aux distributeurs et les gaz combustibles, et les produits condensables qu'on perdait avec la conduite refroidissante (*). o° On a déplacé complètement les récupérateurs et au lieu de les laisser sous la sole, on les met au-dessus du massif, en avant ou sur les côtés des fours, trouvant à cela divers avantages et (*) Avec certains combustibles donnant beaucoup de suie et de vapeur d'eau, il

nporte cependant de conserver à cette conduite assez de longueur pour

permettre d'y placer un laveur ou condenseur.

A L'EXPOSITION DE 1878.

537 surtout celui d'un accès et de réparations beaucoup plus faciles; le dessous de la sole reste ainsi complètement libre. 30 On a pu, avec cette première modification, établir la sole sur chariot, c'est-à-dire, la rendre mobile, comme la sole d'un four de coupellation anglaise, ce qui permet de l'enlever hors du massif du four pour la réparer ; comme conséquence, un four ainsi disposé, est capable d'un travail plus continu et d'une production mensuelle plus élevée : progrès semblables à ceux que les métallurgistes américains ont apportés dans la construction et la réparation du fond de la cornue Bessemer, et qui leur ont permis les productions énormes que l'on sait par paire de cornues. Tels sont les derniers progrès apportés à une invention qui date de vingt ans et qui, dans la pratique des ateliers, a elle-même fait passer des moyens de chauffage depuis bien plus longtemps à l'étude. Après les fours Siemens, mentionnons rapidement divers autres appareils qui, depuis 1867, se sont introduits dans les forges parallèlement aux fours Siemens et qui, comme ceux-ci, appliquent les chaleurs perdues au chauffage, non plus des gaz combustibles produits alors par des chauffes gazogènes attenant aux laboratoires, mais seulement l'air destiné à les brûler. Les réverbères Ponsard, Bicheroux, appartiennent à cette catégorie : le chauffage de l'air ne s'y fait plus au contact de matériaux rougis sur le courant de flammes, mais par transmission de la chaleur perdue à travers les parois creuses dans lesquelles circule l'air; c'est l'application sur une plus grande échelle du principe des anciennes chauffes Boétius. On prévoit, d'après cela, que, tout en pouvant rendre de réels services dans certaines opérations métallurgiques, ces appareils ne sauraient avoir la puissance des fours Siemens aussi se sont-ils beaucoup moins répandus que ceux-ci. L'apparition des fours Siemens a ramené l'attention sur l'utilisation des gaz combustibles des hauts-fourneaux dans les opérations à hautes températures. M. de Langlade a étudié les moyens de régulariser le débit et l'emploi de ces gaz sans gêner le travail de l'appareil principal; de plus, par un lavage énergique, il les débarrasse et de leurs poussières et de l'excès d'eau qu'ils peuvent tenir. En cet état, les gaz de hauts-fourneaux semblent donner, dans un four à chaleur régénérée, les températures voulues pour le puddlage de la fonte, pour le soudage du fer et même pour la fusion de l'acier. Le même inventeur, en appliquant ces moyens de distribution et de lavage aux gaz de gazogènes alimentés à la houille et même au lignite, annonce avoir réussi le puddlage dans TOME XV, 1879.

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