Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 83]

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ÉTUDES MÉTALLURGIQUES.

NOUVEAUX ESSAIS DE DÉPHOSPHORATION DE LA FONTE. 151

assez avancée pour que le métal finé puisse servir à la fabrication de rails phosphorés peu chargés en carbone (). Ainsi donc M. Krupp et M. Lowthian-Bell semblent être parvenus, l'un et l'autre, à enlever à la fonte ordinaire assez de phosphore pour la rendre propre à la fabrication de rails en fer fondu phosphoré. Seulement, il faut le répéter, la méthode suivie implique, comme l'ancienne méthode anglaise, un double affinage: le mazéage d'abord, sur une sole basique, pour l'oxydation du silicium et du phosphore ; puis la décarbura tion proprement dite, dans un réverbère Sie-

La magnésie fut employée par M. Tessié du Motay Terre-Noire. Il en revêtit une cornue Bessemer, disposée en forme de tube en IL - Les briques résistèrent, mais leur prix est fort élevé, et les essais furent d'ailleurs discontinués par des motifs étrangers à l'emploi spécial de la

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mens, sur une sole argilo-siliceuse. Or, à mon avis, on peut faire mieux. Comme dans les forges anglaises modernes, il faut arriver à affiner, même les fontes les plus impures, par une opération unique. Pour cela, il faut une garniture basique, mais une garniture qui ne soit ni fusible,

ni trop oxydante, afin que l'oxydation du silicium et du phosphore précède toujours la; décarburation, même en opérant à très-haute température. Essais basés sur une opération unique.

Nous venons de dire que la condition nécessaire, pour réussir en une seule opération, est l'emploi d'une garniture basique, peu fusible et peu oxydante. Il faut, d'ailleurs, opérer à une température très-élevée pour que le produit final, fer doux ou acier, puisse être coulé en lingots, comme dans les procédés Bessemer et Martin-Siemens ordinaires. Il faut donc remplacer l'oxyde de fer par la chaux, la magnésie ou l'alumine. Les trois bases furent effectivement essayées. Le Chatellier avait conseillé à M. Siemens l'emploi de la Bauxite. Celle-ci se compose en effet d'alumine hydratée, mais renferme néanmoins encore trop de silice pour pouvoir être utilisée dans cette circonstance. () M. Lowthian Bell m'écrit qu'il construit en ce moment une usine pour y appliquer son procédé en grand.

magnésie.

Reste la chaux; il .est facile de l'avoir 'pure, et son prix

n'est nulle ,part élevé. Son infusibilité et sa faible conductibilité pour là chaleur sont connues ; c'est grâce à ces

qualités que le calcaire sert en Styrie et dans le Chatillonnais pour le revêtement intérieur de plusieurs hautsfourneaux, et que M. H. Beville a pu y fondre le platine. Mais la chaux vive 'absorbe l'humidité et perd alors toute

consistance. Ii faut donc la combiner avec un élément qui lui enlève ce fâcheux défaut. Un peu d'argile et une cuisson intense, propre à former un silico-aluminate chaux, pourraient réussir. Dans mon traité de métallurgie générale, j'avais proposé dans ce même but le silicate de soude (rerre soluble) (*). Cette idée a été récemment mise en pratique par- deux jeunes métallurgistes anglais, MM. G. Thomas et C. Gilchrist, à Blaenavon, dans le pays de Galles. Ils ont garni avec ce mélange une petite cornue Bessemer de la contenance de t 5o à 200 kilog., que l'on chauffait fortement avant d' y introduire la fonte. Lorsque celle-ci était elle-même très-chaude au début de l'opération, l'affinage se faisait bien et le métal restait fluide jusqu'à la fin. Le phosphore s'oxydait vite et restait dans les scories, malgré la température élevée du bain métallique, du moins quand la garniture ne tenait pas au delà de 15 à 16 p. ioo de silice, et lorsqu'on faisait réagir de plus, sur la fonte, 5 à 10 p. ioo de chaux vive, ou un mélange de chaux et d'oxyde de fer riche. Avec ces additions, la proportion, de silice se trouvait ramenée dans les scories à moins (') Traité de métallurgie, t. II, p. a06.