Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 82]

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ÉTUDES MÉTALLURGIQUES.

peroxyde de fer sur les éléments oxydables de la fonte. Le silicium, le manganèse, puis le phosphore, s'oxydent d' abord, ainsi que cela se passe dans tout mode d'affinage ; c'est

la période de la scorification, qui précède toujours celle de la clécarburation,. On arrête le travail dès qu'apparaissent les premières bulles annonçant le dégagement de l'oxyde de

carbone. On coule alors séparément la fonte épurée et les scories. La fonte est amenée dans un four MartinSiemens , ou bien reçue dans des lingotières lorsque le travail ultérieur ne peut être entrepris immédiatement. L'opération est rapide si l'on renouvelle à chaque charge la couche oxydée

qu'enlève le mazéage à la sole. Quinze minutes suffisent dans ce cas pour une charge de 5 tonnes. L'opération serait évidemment plus longue si l'oxydation ne se faisait que par l'atmosphère du four, sans addition d'oxydes ferreux à chacune des charges. On conçoit d'ailleurs que la durée dépend aussi de la nature des fontes. Celles que traite M. Krupp proviennent surtout de ses propres hautsfourneaux des bords du Rhin, dans lesquels on fond un mé-

lange de fers spathiques de Siegen et d'hématites brunes ou rouges du duché de Nassau. Le silicium y est en proportion faible et le manganèse s'oxyde rapidement, en sorte que l'épuration exige peu de temps. Remarquons ici que le manganèse de la fonte, comme celui de la sole, favorise, à l'état de protoxyde, l'élimination des acides' silicique et

phosphorique, sans réagir sur le carbone comme le peroxyde de fer. Le travail ultérieur se fait au four MartinSiemens, selon la méthode ordinaire. On ne pourrait se servir de l'appareil Bessemer, à moins de mêler à la fonte finie une dose assez forte de fonte siliciée et manganésée, destinée à développer la chaleur nécessaire. M. Lowtivian-Bell s'est livré, de son côté, depuis deux à

trois ans, à des essais analogues (*) . Il a surtout étudié, (") Journal of iron and steel Instilute. Trois mémoires des années 1877 et 1878.

NOUVEAUX ESSAIS DE DÉPHOSPHORATION DE LA FONTE. 149

avec beaucoup de soins et de persévérance, l'action de l'oxyde de fer sur les fontes phosphoreuses du Cleveland. Le four, dans lequel il a entrepris ses derniers essais de mazéage, est formé d'un tube cylindrique en tôle forte, de dimensions telles que le vide, à l'intérieur de la garniture, mesure orn,go de diamètre sur 5"',5o à 4 mètres de lon-

gueur. Le tube est supporté en son milieu par un axe transversal autour duquel il peut osciller comme une balançoire.

La moitié inférieure du cylindre est garnie en

briques d'oxyde de fer, tandis que le haut est revêtu de briques réfractaires. Dans ce four, chauffé au rouge blanc, on fait arriver la fonte en fusion avec une certaine dose de fer oxydé ou de scories ferrugineuses très-basiques ; afin

de ménager la garniture du four. Le mouvement oscillatoire promène la fonte d'une extrémité à l'autre, à la vitesse de on',5o à ()VI° par seconde, et l'expose, comme dans le four Pernot, à l'action oxydante de l'air et des scories ferrugineuses. L'effet est exactement le même ; en peu de temps, l'épuration est achevée si l'oxyde de fer est en proportion suffisante pour que la scorie n'absorbe pas au delà de 25 à 3o p. too de silice. On peut alors couler séparément la scorie et la fonte finie, puis traiter immédiatement celle-ci, comme chez M. Krupp, par le procédé Martin-Siemens, ou dans le convertor Bessemer, en ajoutant, pour ce dernier mode d'affinage, une certaine dose de fonte siliciée ou manganésée pure.

En opérant sur des charges de 1. 000 kilog. environ, tenant 2 p. ioo de silicium et 1,5 p. ioo de phosphore, M. LowthianBell est parvenu, dans l'espace de 10 à20 minutes, à ramener la teneur en silicium, dans le métal fini, à 0,097 p. 100, et celle du phosphore à 0,229, tandis que le carbone cède aux agents oxydants moins de to à 15 p. too

de son poids primitif, de sorte que la fonte finée retient encore plus de 3 p. ioo de carbone combiné. On voit que, si la déphosphoration n'est pas absolue, elle est du moins