Annales des Mines (1878, série 7, volume 13) [Image 112]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

biné au fer, car la dissolution que l'on obtient en épurant la matière par l'eau chaude ne donne pas les réactions de ce métal. 11 est vrai que le chlorure de fer, s'il se formait, se dissoudrait dans l'eau de la chaudière en grande partie.

D'un autre côté, nous n'avons observé, sur la surface intérieure du bouilleur, aucune de ces vermiculures, de ces

cavités arrondies, etc., qui sont généralement la conséquence des corrosions internes. Le marteau à pointe que l'on emploie pour détacher les incrustations a peut-être légèrement entamé le métal; mais c'est une cause d'usure en tout cas peu importante. Examinons maintenant la surface extérieure du bouilleur.

On se rappelle que cette surface, parfaitement nettoyée après l'explosion, présentait des traces évidentes de corrosion. Pour découvrir à quel agent doit être attribuée cette corrosion, nous avons examiné avec soin les chaudières des fours voisins, que l'on a mises à nu à la suite de l'accident. Nous avons reconnu que toutes les chaudières sont cou-

vertes, dans les parties soumises à l'action des flammes ou des gaz chauds, d'une suie noire ou de plaques blanchâtres ou verdâtres adhérentes au métal. Ces matières If

sont distribuées assez irrégulièrement ; cependant on peut dire d'ire manière générale que la substance blanche domine uans les parties. les plus chauffées, et la suie dans celles qui s'éloignent du foyer. Ces matières ont une saveur acide ou astringente très-prononcée. En les délayant

avec de l'eau, on obtient un liquide verdâtre, qui rougit fortement la teinture de tournesol ; une' plaque de zinc, plongée dans ce liquide, est attaquée lentement, et sa surface ne tarde pas à se couvrir de nombreuses bulles d'hydrogène qui se dégagent peu à peu.

Quatre échantillons, que nous avons recueillis, ont été examinés au laboratoire départemental de chimie de Mézières. Voici les résultats de ces essais

DANS L'USINE MÉTALLURGIQUE DE IVIESSEMPRÉ (ARDENNES). 9 1 1

Acide sulfurique Oxyde de fer et alumine.

.

1) 10,67

21,53

3) 21,2.5

4,45

16,80

18,10

2)

4)

34,40 p. 100. 26,50 p. 100.

) Cendres blanches, légèrement grisâtres, onctueuses, douces au toucher, recueillies sur le côté du bouilleur du four à puddler n° 2, à 5 mètres du coup de feu Suie noire, sèche, pulvérulente, tachant fortement les doigts ; sur le même bouilleur, un peu plus loin du coup de feu Boue noire, un peu huileuse, recueillie sur le bouilleur du four à puddler n° 3, vers le

Suie noire, humide, huileuse, avec parties jaune verdâtre, prise sur la chaudière du four à souder n° 2, à 5'°,5o du coup de feu. On remarquera que, dans ces substances, l'oxyde de fer

et l'alumine ne sont pas en proportion suffisante pour former avec l'acide sulfurique des sulfates neutres ; elles contiennent donc de l'acide sulfurique libre, ou au moins des sulfates acides susceptibles d'attaquer le fer. Dès lors l'usure extérieure de la tôle s'explique très-facilement. Les pyrites de fer contenues dans la houille donnent, par la combustion, de l'acide sulfureux, qui se mêle intimement à la suie déposée sur les parois des bouilleurs et de la chaudière. Dans les périodes d'arrêt, ce mélange attire l'humidité de l'air et l'attaque commence, soit que l'acide sulfureux se transforme préalablement en acide sulfurique, soit qu'il se combine directement au fer pour donner lieu ensuite à un sulfate. La différence d'aspect des matières qui recouvrent les surfaces chauffées provient

de ce que les particules charbonneuses de la suie ont brûlé, en certains points, sous l'action des gaz oxydants. Si l'action corrosive s'est exercée principalement sur le côté extrême du bouilleur, cela tient sans doute à ce que la suie s'accumulait en plus grande quantité dans cette