Annales des Mines (1878, série 7, volume 13) [Image 85]

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ACIER CHROMÉ.

AC EER CHROME.

L'acier chromé est particulièrement délicat à tremper. A cette fin, il doit être porté à une température aussi peu élevée que possible et simplement suffisante pour qu'il y ait trempe, au rouge cerise faible environ. 11 importe de laisser refroidir après martelage et de réchauffer avant la trempe Ttous les outils provenant de pièces relativement grosses et offrant des arêtes minces ; car si l'on plongeait

La Chrome Steel Co avait une exposition intéressante à Philadelphie. On y voyait du minerai de chrome, du ferrochrome, de l'acier chromé en lingots et en produits finis avec la série des duretés, des outils de formes et dimensions variées, des barres tordues et pliées à froid, etc. On remarquait les plaques de sûreté pour coffre-forts, etc., en

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directement l'outil dans l'eau ou tout autre bain froid, l'intérieur de la pièce, qui se refroidit moins vite que l'extérieur, serait trempé trop chaud et pourrait se fendiller (*). La Chrome Steel C° attribue à son acier des qualiés exceptionnelles. A froid, sa résistance de traction serait supérieure à celle de tout autre acier. Trempé, il ne pourrait

être percé par aucun autre acier et percerait n'importe quel acier trempé (à égalité de teneur en carbone). On cite les essais de résistance à la traction faits à la fonderie de West-Point sur douze haires martelées en acier chromé de Brooklyn, de duretés diverses, réchauffées et non (poids spécifique, 7,8161 à 7,8536) : charge de rupture maxima, 15911,84 par millimètre carié; charge minima, 115kg, i3 (**). chrome restait dans le fer forgé, mais que son influence bonne ou mauvaise n'était guère appréciable. (*) Voici une méthode simple pour déterminer la température à laquelle il convient de tremper l'acier chromé. On place le bout d'une barre dans le feu et l'on chauffe; on retire et l'on note les températures successives le long dela portion chauffée ; on plonge dans l'eau froide. Après refroidissement, on casse la barre suivant une série de sections rapprochées, en la frappant en porte-à-faux sur l'enclume. Si l'extrémité de la barre était trop chaude, le grain de cassure sera d'abord gros, puis diminuera graduellement jusqu'à la région où la barre était au rouge sombre ; le grain deviendra alors fin et fibreux, l'acier étant plus fort, plus dur et moins cassant que dans les parties chauffées davantage. Le point où apparaît le grain fin et fibreux était à la température convenable. (**) Pour les barres d'acier, la tension de rupture la plus élevée indiquée par la métallurgie de Perey, est de 107 kilog. par milli-

mètre carré de la section de rupture (acier fondu, à outils, de Turton).

tôles alternatives d'acier chromé et de fer soudées ensemble et trempées (l'acier chromé trempé ne peut être percé par les outils ordinaires ; le fer reste ductile et ne se brise pas sous le choc); les barreaux de sûreté pour grilles de prison, de banque, etc., également en acier chromé et fer soudés et trempés (ne pouvant être ni sciés ni brisés); des poutres de toutes formes en acier chromé et fer soudés (cette combinaison augmentant la résistance et diminuant le poids), etc. Certaines pièces du grand pont métallique sur le Mississipi, à Saint-Louis, sont en acier chromé ; mais cette application ne semble guère motivée. En terminant, je dois dire qu'en Amérique, comme en Eu-

rope, l'acier chromé est assez mal connu généralement et a jusqu'ici plus de détracteurs que de partisans. Il possède incontestablement des propriétés remarquables, qui le rendent précieux pour certains usages spéciaux et l'empêcheront sans doute de disparaître ; mais ses applications

semblent trop restreintes pour qu'il soit appelé à être fabriqué sur une grande échelle et d'une manière courante. D'après M. Sergius Kern de Saint-Pétersbourg, un nouveau procédé de fabrication d'acier chromé vient d'être essayé à, l'aciérie Obouchoff, en Russie. Le procédé consiste à fondre, dans des creusets

d'argile réfractaire, un mélange convenable d'aciers Bessemer ou Siemens-Martin concassés et de fer ou fonte raffinée (suivant le degré

d'aciération voulu) en sous-ordre, avec une addition de fer chromé et de calcaire préalablement calcinés et broyés (ceux-ci placés au fond du creuset). M. Kern ne dit pas que le nouveau procédé ait