Annales des Mines (1878, série 7, volume 13) [Image 83]

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ACIER CHROMÉ.

ACILII CHROMÉ.

NOTE SUR L'ACIER CHROMÉ Par M. G. ROLLAND, ingénieur des mines.

Les produits apparus depuis quelques années en métallurgie sous le nom d'aciers chromés, ont excité un certain intérêt ; ils présentent une dureté extrême et une résis-

tance remarquable à la traction. Ces aciers contiennent quelques dizièmes pour cent de chrome. Le chrome a la propriété d'augmenter notablement la dureté et la résistance du métal ; mais il n'a aucune propriété aciérante et ne saurait, comme on l'entend dire, jouer le rôle du carbone et le remplacer. M. Boussingault a fondu un mélange de fonte à 4 p. ioo de carbone et d'oxyde de chrome, en proportions telles que l'oxygène de celui-ci brûlât exactement le carbone de celle-là; le culot obtenu, alliage non carburé de fer et de chrome, ne se trempait pas. Berthier est le véritable inventeur de « l'acier chromé ». Dès 1821, il indiquait le moyen « d'introduire du chrome

dans l'acier fondu » et annonçait que « l'acier allié au chrome avait des propriétés qui pourraient le rendre précieux pour plusieurs usages (*) ». (*) J'extrais les passages suivants de la note de Berthier sur les Alliages du chrome avec le fer et l'acier, parue en 1821, dans les Annales des mines (i" série, tome VI, page 573) et les Annales de chimie et de physique (2° série, tome XVII, page 55). Pour préparer avec un minerai de la nature de celui de l'île de Vaches (fer chromé tenant 0,370 de peroxyde de fer, 0,560" d'oxyde de chrome, 0,215 d'alumine, 0,050 de silice) un alliage très-riche en chrome, il faut fondre ce minerai au creuset brasqué avec o,3o de chaux et 0,70 de silice, ou avec 1,00 de verre alcalin, ou mieux avec 0,!to de borax vitrifié; et pour extraire le plus de chrome possible de ce minerai, il faut ajouter aux fondants une certaine quantité d'oxyde de fer. Il est évident que la quantité de

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L'acier chromé est fabriqué aujourd'hui, à ma connaissance, aux États-Unis, à Brooklyn, New-York (,Chrome Steel Go) ; en Angleterre, à Scheffield ;

et en France, à

Unieux, Loire (aciérie Holtzer).

Ayant visité en 1876 l'usine de Brooklyn, j'exposerai brièvement son procédé de fabrication et les qualités de ses produits. Outre les renseignements recueillis par moi en Amérique, la présente note renferme des analyses et des indications inédites dues à M. Boussingault, qui a bien voulu m'encourager, dans ce travail, de ses conseils aussi précieux que bienveillants (*). La fabrication de l'acier chromé à Brooklyn, bien qu'enfondant à employer doit varier avec la quantité d'alumine que contient le minerai, et qu'il faut toujours en employer le moins possible, savoir le borax par économie et pour diminuer la volatilisation, et le verre ou les fondants siliceux, parce qu'ils s'opposent à la réduction des oxydes qu'ils retiennent en combinaison. Le minerai de Philadelphie (fer chromé tenant 0,572 de peroxyde de fer, 0,5'6 d'oxyde de chrome, 0,097 d'alumine, 0,026 de silice) fondrait très-bien avec 0, itt de chaux et 0,52 de silice, ou avec 0,50 de verre alcalin, ou enfin avec 0, )6 à 0,20 de borax vitreux ; il donnerait une beaucoup plus grande proportion d'alliage que celui de l'île de Vaches et cet alliage contiendrait beaucoup plus de chrome. <,

Si je me suis beaucoup étendu sur la manière de préparer

avec économie les alliages de fer et de chrome, ce n'est pas que je croie que ces alliages puissent être par eux-mêmes d'une grande

utilité; mais parce qu'il est probable qu'on s'en servira pour introduire du chrome dans l'acier fondu. L'idée d'introduire du chrome dans l'acier fondu m'a été suggérée par l'intéressant travail de M. Faraday sur les alliages des divers métaux avec l'acier. J'ai trouvé que l'acier allié au chrome a des propriétés qui pourraient le rendre précieux pour plusieurs usages. J'ai fait deux alliages d'acier fondu et de chrome, l'un contenant 0,01 de chrome et l'autre 0,015. J'ai préparé l'acier chromé en fondant de l'acier fondu de première qualité, cassé en trèspetits morceaux, avec un alliage de fer et de chrome. C'est ainsi, je crois, qu'il ;faudra faire en grand. » (*) M. Boussingault doit faire prochainement paraître un mémoire sur la constitution des fontes et aciers chromés et sur les cc

procédés de dosage du chrome.