Annales des Mines (1877, série 7, volume 12) [Image 181]

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TRAVAUX DE M. GRAND'EURY.

FLORE HOUILLÈRE.

manière de voir et ont montré que les Calamiles avaient en somme plus d'analogies avec les Equisetum qu'avec aucun autre genre vivant. C'étaient aussi des tiges fistuleuses, cloisonnées, naissant de minces rhizômes rampants, articulés comme les tiges et émettant de fines racines à leurs articulations. Seulement, elles étaient dépourvues de gaines et ne portaient aucune sorte d'organes foliaires. Quelques espèces même, telles que les C. Suckowii et C. coinxformis étaient habituellement dépourvues de rameaux et n'avaient que des tiges simples, hautes de 4 à 5 mètres, et terminées en pointe vers le sommet. Les organes appendiculaires n'étaient représentés que par les tubercules saillants placés au haut des côtes, mais sur lesquels on ne constate aucune cicatrice. D'autres espèces, au contraire ; comme le C. ramosus, étaient fréquemment ramifiées et portent à presque toutes leurs jointures des cicatrices raméales. Enfin, les organes de reproduction étaient

de petits chatons naissant probablement vers le sommet

des tiges et dont l'organisation n'est pas encore

bien

connue. A côté des Calamites, se placent les Astérophyllites, ou du moins les espèces véritablement cryptogames du genre Asterophyllites, d'autres devant être séparées de ce groupe

et rattachées aux Calamodendron, c'est-à-dire à l'embranchement des phanérogames gymnospermes. Les Asté-

rophyllites avaient des tiges articulées (Calamophyllites Grand'Eury ), à articles de longueur variable, lisses ou striées, et portant aux articulations des verticilles de feuilles et de rameaux ; les Volkmannia étaient leurs épis de fructification. M. Grand'Eury en rapproche une partie des Annularia, notamment l'A. radiata, qui ne lui paraît pas appartenir au même groupe que les A. longifolia et A. sphenophylloïdes. Ceux-ci étaient des plantes nageantes, munies d'é-

pis fructifères qu'on a désignés sous le nom de Bruck-

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mannia,. et dont les travaux de M. Grand'Eury et de M. B. Renault (*) ont fait connaître en détail la curieuse organisation; ils auraient eu pour racines les Pinnularia. Enfin les Sphenophyllum forment encore un autre groupe, en raison du mode d'attache de leurs sporanges qui paraissent fixés sur les bractées mêmes des épis et non plus sur des supports spéciaux : leurs tiges avaient aussi une organisation toute particulière, munies d'un faisceau vascu-

laire. présentant en coupe la forme d'un triangle à côtés curvilignes concaves vers l'extérieur (").

Fougères. La découverte d'un grand nombre de pinnules de fougères fructifiées, soit en empreintes, soit conservées dans les quartz de Grand'Croix ou d'Autun, a permis à M. Grand'Eury d'établir sur des bases certaines la classification de la plupart des fougères du terrain houiller supérieur et de déterminer la place qu'elles doivent occuper par rapport aux types actuellement vivants. Le premier groupe qu'il forme, celui des Hétéroptéridées, comprend les Sphenopteris, assez peu abondants à Saint-Étienne, puis les Pecopteris dits dieksonioïdes et anémioïdes à cause de leurs analogies de forme et de nervation avec les genres vivants Dicksonia et Anemia, et sur lesquels il a reconnu des fructifications analogues à Celles des Schizéacées ; l'espèce la plus répandue parmi eux est le P. Pluckeneti Schlotheim (sp.). 11 y rattache aussi, comme voisins des Schizéacées, et sous le nom de Pre-pecopteris, les Pecopteris du type des P. dentata, Biotii, etc., auxquels il rapporte les folioles fructifiées décrites par Corda sous le nom de Senftenbergia. Toutes ces fougères

paraissent avbir été herbacées et ne pas avoir atteint la taille gigantesque de celles des deux autres groupes. (*) Annales des sciences naturelles, 6' série, Botanique, t. III, p. 8. (*") B. Renault, Annales des sciences naturelles, 5« série, Botanique, t. XVIII.