Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 53]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

86

BIOGRAPHIE.

Extrait d'une lettre de M. Rouher, député, ministre des travaux publics de 1855 it 1863.

J'ai vivement ressenti le malheur inopiné et cruel qui vous a enlevé votre père et qui a privé l'État d'un de ses serviteurs les plus éminents. A travers les vicissitudes

« de la politique, j'avais conservé à de Franqueville la plus sincère affection et la plus haute estime. Notre Ion« gue collaboration m'avait permis d'apprécier toute l'étendue de ses facultés. Nous avons écrit ensemble les arti-

cles de la constitution des chemins de fer en France. Malgré les attaques aveugles ou inspirées par des passions cupides, cette constitution est restée debout; elle n'a, pas plus que la liberté commerciale, puêtre remontée par le flot révolutionnaire. Aussi le nom de votre

père occupera-t-il une grande et brillante place dans l'histoire économique de notre pays. Ce sont là pour vous, Monsieur, des causes d'atténuation de votre légilime douleur, en même temps que de justes motifs de fierté et de reconnaissance filiale pour celui qui n'est plus. De Franqueville meurt pauvre, je n'en éprouve aucune

surprise. Il était trop inféodé à ses fonctions pour avoir le souci de l'accroissement de sa fortune, et cette rigoupense probité, qui est heureusement l'apanage du grand nombre, le tenait à dédaigneuse distance des sources faciles de la richesse. Je partage votre affliction, Monsieur, et conserverai toujours à votre père le souvenir affectueux et attristé que le coeur garde à un ami dévoué. .» Extrait d'une lettre de M. A. Thiers, député de la Seine, ancien Président de la République.

J'ai appris, avec le plus vif regret, la Mort, pour moi

si imprévue, de votre très-honorable père, l'un des

M. DE FRANQuENILLE.

87

hommes pour lesquels j'ai eu le plus d'estime et le plus d'amitié. Dans ma très-longue carrière, je n'ai pas trouvé d'homme plus capable, plus droit que M. de Franque«. ville.. Il, a été, selon moi, dans le demi-siècle auquel j'ai «a sssté, l'un des personnages qui ont rendu à la France les services les plus réels et les plus sérieux. Sans lui, je ne sais pas comment on aurait pu faire pour sauver l'intérêt général du chaos des intérêts particuliers dans « la partie la plus importante de l'administration, celle des travaux publics. Il a constamment opposé aux cu.« pidités particulières, si ardentes dans ce siècle, l'intérêt vrai de l'État et un bon sens supérieur. « Pour moi, il m'a laissé un souvenir ineffaçable, et je n'oublierai jamais notamment les services très-grands

qu'il m'a rendus pendant et surtout après la dernière guerre. Il m'a puissamment aidé à réparer les maux de cette affreuse guerre, et je l'ai dit en dernier lieu encore a tous les membres de la commission du budget, qui avaient à s'occuper de sa situation. « Je suis heureux de pouvoir payer à sa mémoire ce

tribut de gratitude et de vieille affection, et de le remettre à son honorable fils. » Lorsque deux hommes politiques considérables, appartenant à deux partis si opposés, apportent à la mémoire de

M. de Franqueville un pareil témoignage, on peut affirmer que le dernier directeur général des ponts et chaussées et des chemins de fer a été un grand citoyen et un grand serviteur de son pays. Vu exprimé par la ville de Celte.

La ville de Cette a tenu à honneur de consacrer le souvenir des services qui lui ont été rendus par M. de Franqueville. 1.a chambre de commerce a émis le voeu que le bassin projeté à l'est de la jetée de Frontignan reçût le nom de Bassin de Franqueville. Un décret du 15 novembre 1876 a fait droit à ce vu. Si nous sommes bien informés, d'autres villes doi-