Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 39]

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'BIOGRAPHIE.

Sans méconnaître ce que les idées de décentralisation avaient de bien fondé, M. de Franqueville estimait que ces

idées ne comportaient pas la diminution des attributions des .ingénieurs des ponts et chaussées; il combattit de toutes ses forces les mesures ayant pour objet de leur enlever le service des routes départementales, et il réussit à, leur donner la surveillance du drainage, le service de la pêche dans les cours d'eau non navigables ni flottables; il engagea, à ce sujet, une lutte des plus vives contre l'administration des forêts ; il combattit également avec une grande énergie les députés qui proposaient d'enlever aux. travaux publics le service des phares et de le donner au département de la marine. Mais s'il se montrait: si jaloux d'augmenter l'importance des droits que les ingénieurs des ponts et chaussées pouvaient revendiquer dans l'exécution de tous les travaux publics du pays, le directeur général leur recommandait de mériter cette situation par des efforts constants. A la probité parfaite, à la dignité de la vie, à l'instruction scientifique et littéraire, littéraire surtout, il fallait joindre l'aménité, la facilité dans les relations. Jamais il ne manquait une occasion de recommander aux jeunes ingénieurs de ne point se montrer raides dans leurs rapports, soit avec le public, soit avec. les autorités locales.. Les ingénieurs ont sans, cesse à prendre part, à des conflits de l'intérêt public avec les intérêts privés ; ils doivent être animés du plus grand esprit d'équité, et la ferme défense des intérêts de l'État peut se concilier parfaitement avec la déférence due aux représentants des intérêts opposés. M. de Franqueville savait, à un haut degré, allier l'aménité à. la. dignité professionnelle.. Plusieurs fois consulté par l'Empereur sur des questions de travaux publics, sur des, inventions qui trouvaient souvent aux Tuileries un accueil trop facile, M. de. Franqueville fut presque toujours en désaccord avec son haut interlocuteur. Sans parler des

M. DE FRANQUEVILLE.

machines présentées par des inventeurs qui ne comprenaient pas que leur réalisation supposait le mouvement perpétuel, le directeur général des ponts et chaussées et des chemins de fer eut à combattre les idées émises par l'Empereur sur les moyens de prévenir les inondations, sur la création d'un second chemin de fer de Cette à Marseille, sur les caisses d'assurances agricoles, sur le second chemin de fer de Lyon à Saint-Étienne. Le nom de M. de Franqueville fut à plusieurs reprises indiqué pour le portefeuille des travaux publics et repoussé parce qu'il était trop ingénieur.

IV. Direction générale des ponts et chaussées et des chemins de fer : 1855-1876.

DEUXIÈME PARTIE: 1870-1876.

Nomination à la vice-présidence du conseil général des ponts et chaussées. - Nous arrivons à la triste année 187e. Elle avait mal commencé. Si les désordres de la rue étaient apaisés, il régnait, clans les esprits, un trouble presque général. M. de Franqueville avait soixante ans ; il sentait le besoin, non pas de se retirer et de se reposer d'une manière absolue, mais de trouver une situation plus calme et moins militante. Deux circonstances favorables se présentaient à la fois qui semblaient devoir rendre facile la réalisation de ce désir. M. de Franqueville pouvait, en quelque sorte, le même jour, remplacer M. l'inspecteur général Gayant à la vice-présidence du conseil des ponts et chaussées, et être remplacé lui-même à la direction générale par un ingénieur j'ai nommé Maniel. qui avait la confiance de tous,