Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 20]

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BIOGRAPHIE.

pensée à l'origine ; mais pour les voies navigables, l'assimilation aux routes de terre était logique. Les sociétés qui demandaient l'affermage réclamaient une garantie d'intérêt qui engageait l'État d'une manière absolue et qui portait sur la totalité des capitaux émis. Nous verrons M. de Franqueville admettre pour les chemins

de fer le principe de la garantie d'intérêt, mais seulement pour une fraction du capital total engagé et avec d'importantes restrictions en faveur de l'État. Exécution du canal latéral à la Garonne et du canal de la Marne au Rhin. Nous ne devons point passer sous silence la construction de deux voies navigables de premier ordre entreprises à cette époque: le canal latéral à la Garonne et le canal de la Marne au Rhin. Le premier fut bien près d'être sacrifié : nous raconterons plus loin ce curieux incident. Départ de N. Legrand. Nommé depuis plusieurs

années sous-secrétaire d'État, M. Legrand crut devoir, en 1847, quitter le ministère des travaux publics et prendre au Conseil d'État le poste de président du comité des travaux publics. Son départ fut, pour ses collaborateurs, un véritable déchirement. M. de Franqueville en ressentit personnellement la plus vive douleur ; ses lettres racontent les préoccupations de M. Legrand, sa résolution et l'isolement dans lequel il laisse ses collaborateurs. M. de Franqueville se réfugia dans le travail, c'était toujours sa grande ressource. A la vérité, nous ne savons pas trop ce qu'il pouvait ajouter à sa tâche quotidienne. Le matin au ministère, il ne quittait son cabinet que pour aller déjeuner ; il partait à six heures du soir, et, après son dîner, se remettait presque tous les jours. à son bureau, de huit heures jusqu'à minuit. M"" de Franqueville lisait à côté de son mari, ou s'occupait de travaux d'aiguille ou de tapisserie ; c'était, il faut le reconnaître, un intérieur austère et que ne prévoient pas toujours les jeunes femmes qui veulent bien épouser ces travailleurs infatigables.

M. DE FRANQUEVILLE

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Révolution de 1848. Ateliers nationaux. Les événements de 1848 troublèrent profondément M. de Franqueville. On parlait beaucoup du travail, du droit au travail, mais on ne travaillait guère. Des ateliers nationaux durent être organisés à Paris et sur plusieurs points du territoire. Une note laissée par M. de Franqueville donne, sur ceux

de Paris, des renseignements qu'il nous a paru utile de rappeler au moins sommairement. Le nombre des hommes enrôlés à Paris dans les ateliers nationaux s'est élevé à 115.000. 70.000 environ appartenaient aux industries du bâtiment ;

5o.000 se rattachaient aux industries de luxe et à l'article de Paris; 15.000 étaient sans profession avouée. Plus de 5o.000 n'avaient pas de domicile inscrit à Paris

ils venaient des départements voisins; quelques départements éloignés, notamment les Bouches-du-Rhône, avaient fourni un contingent notable. L'insuccès des ateliers nationaux est dû principalement aux causes suivantes : i° Absence de discipline; 2° Manque d'émulation ; 3° Démoralisation produite par le sentiment de l'inutilité des travaux ; 4° Chômages fréquents. Nous estimons que les mêmes causes d'insuccès frappe-

ront toutes les tentatives de ce genre qui pourraient être faites à nouveau. On retrouvera toujours l'absence de discipline chez beaucoup, le sentiment de l'inutilité du travail offert ou produit chez un grand nombre. Un ouvrier bijoutier se sentira toujours un mauvais terrassier. M. de Franqueville examine quelles seraient les mesures à prendre pour améliorer une situation si difficile. Les unes

se rapportent à des questions d'ordre et de police; les autres, plus importantes, prévoient l'exécution de grands