Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 16]

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M. DE FRANQUEVILLE.

BIOGRAPHIE.

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avoir terminé ses études à l'École des ponts et chaussées,

amis, M. de Montricher et M. de Ruolz, un livre qui venait

Franqueville était attaché pour un an au secrétariat du

de paraître en Angleterre

conseil général des ponts et chaussées, avec mission d'assister aux séances. La mission au conseil, pour parler le langage de l'École, est un poste bien envié et bien enviable. Quelque brillante

N. Wood.

qu'ait été plus tard la carrière parcourue par les ingénieurs qui ont obtenu cette situation, tous reportent à cette heureuse année le point de départ de leurs succès. Pour un jeune homme ardent au travail, intelligent comme l'était Franqueville et en possession d'une éducation littéraire

parfaite, complétée par l'éducation polytechnique qui donne la méthode, il était impossible de trouver une meilleure initiation à la vie pratique et administrative. Les plus grandes affaires du pays, en fait de travaux publics, arrivent toutes au conseil général des ponts et chaussées. Les influences locales, les bruits extérieurs s'arrêtent, en quelque sorte, à la porte du conseil. Chaque affaire est examinée avec la plus complète indépendance par des hom-

mes qui ont quelquefois cinquante années de services, mais qu'anime toujours la passion du bien public. Franqueville était digne d'écouter de tels hommes (*).

Le secrétaire du conseil, chef direct du jeune attaché, M. Legrand, qui sous une froideur apparente cachait un coeur excellent, conçut de Franqueville la plus haute opinion et, par une faveur exceptionnelle, le garda une seconde année à Paris. Traduction du traité de N. Wood sur les chemins de fer. Franqueville n'avait jamais assez d'ouvrage ; pendant ses années d'école ou de séjour au conseil général, il entreprit ele traduire, en collaboration avec ses deux intimes (*) Le conseil général des ponts et chaussées comptait parmi ses membres, en 1832, des hommes dont le pays honore la mémoire Sganzin, Prony, Tarbé de Vauxcl ai rs, Deschamps, Bérigny, Cayenne,

Lamandé, Lamblardie, Polonceau, de Villiers du Terrage.

Traction on Railroads, by

Il est impossible de songer à écrire une biographie de M. de Franqueville, sans parler de MM. de Montricher et de Ruolz : le premier a attaché son nom à une uvre impérissable, le canal de Marseille et le grand aqueduc de Roquefavour ; le second, plus connu encore par ses travaux sur la dorure et l'argenture des métaux par les voies chimiques.

Les trois amis passaient presque toutes leurs soirées ensemble ; on traduisait Nicolas Wood, on faisait de la musique ou des expériences de chimie. Il existe une légende d'un diamant, d'un vrai diamant obtenu par la voie humide et trouvé par Montricher au fond d'un bocal oublié ; mais on avait oublié en même temps ce que l'on avait mis dans ce bocal, et les trois amis s'épuisèrent en vains efforts pour reproduire la cristallisation du charbon.

Séjour à Soissons. - Il fallut enfin quitter Paris. Franqueville fut envoyé à Soissons le 17 mai 1834, et chargé du service ordinaire de l'arrondissement. C'était une tâche facile. Grâce à son aménité parfaite, le jeune ingénieur eut bientôt les meilleurs rapports avec toutes les autorités de la ville et des environs, et son service fut fait d'une manière digne d'éloges. Pendant ce séjour à Soissons, Franqueville acheva seul la traduction du livre de Nicolas Wood (*) et fournit plusieurs articles à l'Encyclopédie nouvelle, publiée sous les (*) L'ouvrage de N. Wood est à peu près inconnu aujourd'hui; il ne mérite pas cet oubli. On ne saurait contester le bon sens et la perspicacité d'un homme qui écrivait, il y a près d'un demi siècle, les lignes suivantes « Les chemins de fer réunissent toutes les qualités nécessaires « soit pour le transport des marchandises lourdes ou légères, soit « pour le transport des personnes, et par conséquent doivent se