Annales des Mines (1876, série 7, volume 10) [Image 303]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

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GÉOLOGIE GÉOGRAPHIQUE,

tent les couches de Schio, près de Vicence et du mont Titan° près de San Marin. Ce dernier horizon correspond au Bonnidien de M. de Si smonu c oda et on peut le considérer comme l'équivalent des couches de Bazas ou de Mérignac, de la plus ancienne; molasse marine (oligocène) de la Suisse et de la Bavière, des grès à pectoncles, des géologues hongrois et probablement aussi des couches de Sotzka (Aquitanien de M. Mayer). Ces deux groupes, parfaitement concordants, sont paléontologiquement répartis d'une manière distincte; ils ne possèdent que peu de fossiles communs ; les grandes espèces de Pecten et de Clypeaster se trouvent exclusivement dans la partie supérieure; tandis que les grands orbitoïdes et les Operculines, comme les deux petites espèces de Pecten (P. Haueri et P. deletus), sont entièrement spéciales aux couches inférieures.

AFRIQUE. ALGÉRIE. CHOTTS.

Les Chotts de la province de Constantine ont été

explorés en 1875 par une mission commandée par M. le capitaine no u dai re, et de laquelle Ni. il. Le Chatelier (i) faisait partie comme ingénieur des mines. D'après M. Il. Le Chatelier, une mer intérieure, communiquant avec la Méditerranée, n'existait pas dans la région des Chotts depuis l'époque actuelle. Le sel qu'on trouve dans cette région n'a l'eau pas la composition de celui que donnerait l'évaporation de rencontrent dans de mer. D'ailleurs, en Algérie., des Chotts ce les trois provinces et, près de Batna, il y a du sel par une altitude de 1.200 mètres; cette mer, si elle eût existé, devrait donc avoir été très-étendue et il n'est pas admissible que son fond ait pu se relever à une pareille hauteur, depuis les temps historiques ou depuis la présence del'homme. Le cardium, qu'on a regardé comme

une preuve de l'existence de cette mer intérieure, n'est pas se Cardium edule vivant maintenant dans la Méditerranée; il la trouve dans des couches régulièrement stratifiées qui, dans province d"Oran, s'élèvent jusqu'à des altitudes de 300 mètres. le

H. Le (1) Rapport manuscrit présenté à M. le ministre des travaux publics par M. in-

On peut donc dire qu'il n'existe pas de preuves géologiques d'une

ancienne nier Saharienne. Cette conclusion est du reste celle à laquelle étaient arrivés déjà MM. Po m el , Ludovic Ville, Vatonne et d'autres explorateurs du Sahara. M. H. Le Chatelier a cherché par des- considérations théoriques à rendre compte des faits observés dans les Chotts. La nappe

d'eau souterraine qu'on y rencontre est particulièrement abondante suivant certains lits souterrains auxquels les Arabes donnent même des noms, comme aux rivières coulant à la surface. Il est probable que, suivant ces lits souterrains, elle est alimentée par une nappe artésienne qui se fait naturellement jour à travers des dislocations ; on est d'autant plus autorisé à le croire, que certains puits sont creusés au fond de fractures encore reconnaissables.

Suivant M. H. Lech at eller , les Chotts doivent leur existence à des dépressions de la surface du sol qui sont assez profondes pour atteindre la nappe d'eau. Ces dépressions sont remplies par des houes très-fluides et par de l'eau qui, en s'évaporant, laisse une croûte de sel ; elles ont été creusées après le dépôt des terrains environnants; car on y observe des îlots (gours), analogues aux témoins laissés par les terrassiers; ces gours sont stratifiés et l'on y retrouve la couche à cardium, en sorte que leur sommet, dont l'altitude est d'ailleurs à peu près constante, indique l'ancien niveau du sol. M. H. Le Chatelier admet, en définitive, que les Chotts sont dus à des fractures du sol qui ont engendré des dépressions dans lesquelles les eaux se sont précipitées, entraînant avec elles une partie des terrains traversés. Ils sont postérieurs au dépôt du cardium qui vivait dans des lacs d'eau saumâtre remplissant les cuvettes du terrain quaternaire saharien ; en sorte que leur existence est relativement assez moderne.

M. H. Le Chatelier observe encore que dans la région des Chotts, de la province de Constantine, les dunes forment des chaînes dont la direction est généralement N. 16' E. ou bien N. 30° O.; ces chaînes de dunes, alignées et parallèles, peuvent être attribuées à des fractures du sol, qui sont orientées suivant leurs directions, et qui présentent des reliefs favorables à l'amoncelleme-nt des sables mouvants.

D'après les considérations précédentes, une môme hypothèse rendrait compte de l'origine des Chotts, de celle de la nappe d'eau et des rivières souterraines, ainsi que des chaînes de dunes (i).

Chatelier, membre de la mission chargée d'étudier le projet de créer une mer térieure en Algérie, 1876.

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(I) Voir, sur ces questions, Revue de géologie, III, 51, 40, 365, et X, 179.