Annales des Mines (1876, série 7, volume 10) [Image 110]

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A LA VILLETTE.

EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

renouvelés dès qu'on a eu accompli la séparation des eaux alimentaires. Enfin une sucrerie du département de l'Oise a donné lieu à des observations de même nature. Ces accidents, dont nous ne citerons pas un plus grand nombre, atteignent principalement les nouveaux établissements. Auparavant les eaux condensées n'étaient pas eu contact avec les produits traités, tandis que dans les systèmes perfectionnés actuels, elles y sont au moins dans les appareils dits à triple effet. Ces faits ne se sont pas présentés seulement dans les usines à sucre, mais dans d'autres où la vapeur d'échappement de la machine, ou bien des eaux qui avaient été en contact superficiel avec ces vapeurs, étaient employées concurremment avec les eaux de rivière ou de puits. C'est même dans ces circonstances spéciales que la réaction des eaux calcaires sur les graisses entraînées par la vapeur et que les conséquences qu'elle produit ont été constatées et étudiées pour la première fois. Les exemples les plus frappants de ce phénomène, indépendamment de ceux arrivés en Allemagne, se sont produits en France à Pont-Remy et à l'arsenal de Bourges. Nous pourrions en mentionner encore d'autres très-récents, arrivés dans une scierie à Compiègne et dans un moulin à Chantilly. Dès que les mélanges d'eaux qui s'y opéraient ont été abandonnés ou que des précautions spéciales ont été prises pour modifier la composition des sels, les avaries ne se sont plus représentées. La cause à laquelle ont été attribués des accidents aussi multipliés mérite d'être signalée d'une manière toute spéciale. Aussi nous semblerait-il opportun d'éveiller sur ce sujet l'attention des ingénieurs et des industriels en publiant le rapport qui précède dans les Annales des mines et dans celles des ponts et chaussées.

D'un autre côté, il paraîtrait utile que l'administration invitât les ingénieurs, chargés de la surveillance à examiner

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dans leurs tournées de service la manière dont les chaudières sont alimentées, à signaler aux industriels qui se serviraient d'un mélange d'eaux calcaires et d'eaux de condensation provenant des machines ou d'appareils employant

des matières graisseuses, les inconvénients et même les dangers de ce mélange, et à leur indiquer, s'il y a lieu, la manière d'y remédier.

Le mauvais effet du mélange peut être détruit par différents moyens, parmi lesquels on peut indiquer notamment

l'épuration préalable des eaux calcaires par l'emploi du carbonate de soude, la filtration des eaux de condensation au travers de couvertures de laine ou de feutres, ou plus simplement l'enlèvement des matières grasses à la surface des bâches de condensation, les extractions fréquentes à la surface de l'eau des chaudières, etc. CONCLUSIONS.

En résumé, d'après les observations qui précèdent, nous proposons à la Commission d'émettre l'avis I° Que, conformément à l'opinion exprimée par MM. les ingénieurs du service de surveillance, l'accident arrivé dans la raffinerie de

M. Lebaudy est dû principalement à la

formation, sur une partie de chaudière exposée à une chaleur intense, d'un dépôt isolant provenant de la réaction provoquée par le mélange, à haute température et à haute pression, d'eaux de condensation grasses et d'eaux naturelles contenant des principes calcaires;

2° Qu'il conviendrait, en raison de la cause spéciale et encore peu connue de cet accident, d'insérer dans les Annales des mines et dans celles des ponts et chaussées le rapport qui précède ;

3° Qu'il y aurait un intérêt sérieux à recommander aux