Annales des Mines (1876, série 7, volume 10) [Image 37]

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DANS DES SUBSTANCES CRISTALLISÉES.

EXPLICATION DES PHÉNOMÈNES OPTIQUES ANOMAUX

EXPLICATION DES

PHÉNOMÈNES OPTIQUES ANOMAUX QUE PRÉSENTENT UN GRAND NOMBRE DE SUBSTANCES CRISTALLISÉES

Par M. En. MALLA RD , ingénieur des mines, Professeur à l'Ecole des mines.

I.

Introduction.

La cristallographie a trouvé, on le sait, dans les phénomènes de la double réfraction, un instrument de recherches puissant et un réactif, dont la sensibilité est exquise, du degré de symétrie que possèdent les cristaux. Pour apprécier ce degré de symétrie, les cristallographes

ne disposaient jadis que des mesures goniométriques, et

de l'étude attentive du nombre des faces qui, dans le polyèdre cristallin, se répètent en vertu de la symétrie. Malheureusement, et malgré les perfectionnements apportés dans la mesure des angles, ces procédés d'inves-

tigation ne sont pas toujours suffisants. Ils cessent en particulier de l'être dans un cas qu'il était permis de croire très-rare, et 'qui se trouve être au contraire un des plus fréquents de la nature : c'est celui où le réseau cristallin (*) possède ce qu'on appelle une forme-limite, (*) On sait que, dans ses belles études sur la théorie de la cristallographie, Bravais substitue à l'hypothèse des molécules de forme parallélipioédique d'Haüy, celle d'un réseau cristallin dont la maille solide est le parallélipipècle d'Haüy; il y a une molécule

à chacun des noeuds du réseau. Si l'on fait passer un plan par trois noeuds, on démontre qu'il y aura dans le même plan

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c'est-à-dire où la maille solide de ce réseau (la forme primitive d'Haüy) est, par exemple, quadratique, tout en ayant l'axe vertical presque égal à l'axe horizontal, ce qui rend la forme primitive quasi-cubique ; orthorhombique, avec un angle des faces ni, voisin de 900, ce qui rend la forme primitive presque quadratique, etc. Supposons, pour fixer les idées, que le réseau soit orthorhombique et presque carré ; s'il se produit sur l'angle A

un plan ai , il y en aura trois autres répétés sur les trois autres angles A, parce que les quatre plans ainsi formés se trouvant rigoureusement identiques au point de vue du-réseau, si les circonstances qui président à la cristallisation décident la formation de l'un d'entre eux, elles décideront aussi celle des trois autres. Les plans e' qui se produisent sur les quatre autres angles du prisme sont identiques entre eux; ils le seraient aussi aux plans a' si le rhombe de la base était un carré ; mais comme il ne l'est

qu'à peu près, les plans e' ne sont qu'à peu près identiques aux plans a'. Cela suffit cependant pour que les circonstances qui décident la formation des a', décident aussi le plus souvent celle des e1, et pour que la symétrie apparente du polyèdre cristallin soit quadratique, comme l'est la symétrie apparente de la forme primitive.

Il est vrai que les incidences des faces e1, n'étant pas rigoureusement celles des faces a', il y aura là une manière de préciser la symétrie. Mais ces incidences, sans être égales, seront voisines les unes des autres, et les différences peuvent être assez faibles pour ne pas se distinguer aisément des erreurs d'observation. L'incertitude est d'ailleurs d'autant plus grande que, dans les cristaux qui présentent ces particularités, les incidences des faces varient une infinité d'autres noeuds, formant un réseau, dont la maille plane est parallélogrammique. C'est un plan réticulaire du réseau cristallin.