Annales des Mines (1876, série 7, volume 10) [Image 36]

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EMPLOI EXCLUSIF DES RAILS D'ACIER

PAR LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER.

fers profilés. Si donc à l'avenir on ne veut plus que des

Nous sommes loin d'attribuer à ces considérations plus d'importance qu'il ne convient. Dans la pratique des arts industriels, ce qui est vrai aujourd'hui cesse de l'être de-

rails d'acier, il faut se résigner à voir cette masse de vieux rails de plus en plus dépréciée et valant à peu près autant

que le ballast qui les supporte. Or ces rails sont en ce moment encore entre les mains des compagnies; ce sont donc elles qui devront, en fin de compte, supporter les conséquences de cette dépréciation. Les usines, en reprenant en ce moment de crise ces vieux rails à un prix trop élevé, auront peut-être la faiblesse de prendre une partie de la perte à leur compte, mais ces deux grandes branches de l'industrie sont trop étroitement liées pour que l'une puisse tirer longtemps profit du mal de l'autre. Or, nous le disons encore une fois, avec les vieux rails très-phosphoreux , il faudra refaire des rails en fer ou l'on n'en fera rien. La dernière solution deviendrait admissible dans le cas où, par suite de nouveaux progrès dans la fabrication et surtout de la découverte de minerais abondants, le prix de vente des rails Bessemer s'abaisserait tellement qu'il deviendrait inférieur à celui de la transformation des vieux rails en fer, même comptés pour une valeur nulle, en nouveaux rails en fer. Dans ce cas, ces vieux rails pourraient vraiment être considérés comme une matière stérile ayant joué son rôle dans le monde et bonne à être jetée avec les laitiers des hauts fourneaux. Peut-être en viendra-t-on là, mais en attendant nous pensons qu'il serait plus sage d'utiliser ces vieux rails peu à peu, en les mêlant par petites doses aux vieux rails d'acier, qui reviendront à leur tour au four Martin pour y être refondus, et en fabriquant avec le reste des rails en fer de bonne qualité, qui, après avoir été retirés de la voie, participeraient encore dans une certaine proportion à la fabrication des rails d'acier. On arriverait ainsi, par cette sorte de dilution Successive du phosphore, à tirer parti de tous les vieux rails, en écartant des difficultés qui nous paraissent inévitables si l'on veut en refuser trop brusquement l'emploi.

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main, et il 'suffirait d'une découverte heureuse pour réduire à néant toute notre argumentation. Nous avons cru pouvoir dire ici, en en forçant peut-être un peu les conséquences, ce qui nous paraît répondre à l'état actuel des choses. Si, par suite de nouveaux progrès, ces prévisions ne sont pas réalisées, comme ce sera pour le bien de tous, nous serons heureux de nous être trompé. Vienne, le 26 juin 1876.