Annales des Mines (1876, série 7, volume 9) [Image 301]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

586

FABRICATION DE LA FONTE

11 fallait absolument arriver à augmenter la production les charbons de bois manquant, il fallait les remplacer par d'autres combustibles. Les houilles à coke sont rares en Autriche ; elles n'existent pas en Styrie, très-peu en Carinthie, nous l'avons vu. Mais avec les prix élevés auxquels atteignaient les fontes,

EN STYRIE ET EN CARINTHIE.

avec l'immense développement que prenaient toutes les branches de l'industrie, il était possible de moins regarder aux prix du combustible. On construisit donc des hauts fourneaux pour marcher au coke, les uns près de Vienne, au centre même du marché des fontes, et à mi-chemin entre la Styrie et la Silésie d'où devait venir le combustible ; les autres, à côté d'anciennes usines qui utiliseraient ces fontes et les dénatureraient de suite, à faible distance des mines de fer et sur des lignes ferrées qui devaient amener des cokes de Fünfkirchen ou des cokes anglais introduits par Trieste. Placer les fourneaux de façon qu'ils ne puissent employer que des combustibles étrangers ou grevés de frais considérables de transport, c'était se condamner à produire à prix élevé des fontes inférieures, comme qualité, aux fontes au bois. -rie fallait-il pas essayer d'employer les combusti-

bles plus jeunes, lignites, tourbes, que l'on possédait en masses considérables ? Les hommes prévoyants et désireux d'assurer un développement de plus en plus considérable à l'industrie de leur pays s'étaient posé, depuis de longues années, cette question. Quelques essais avaient été tentés autrefois, ils avaient été abandonnés ; et sans rechercher

les causes de ces arrêts, pressées de produire à quelque prix que ce fût, les usines préférèrent employer des cokes,

même d'une impureté extrême (25 p. ioo de cendres, 4 p. loo de soufre), qu'elles payaient cher, plutôt que de risquer de faire quelques essais. Mais la crise financière de 1875 s'est produite ; ses effets s'accentuent de plus en plus ; les prix des fontes sont tombés

587

et baissent toujours; employer des cokes dont le prix est rendu si élevé par les frais de transport n'est presque plus possible ; aussi, nécessité aidant, a été remise en avant la question de l'emploi des lignites dans les hauts fourneaux. Ces nouveaux essais ne datent pas de loin ; ce n'est guère que vers la fin de 1874 et dans le courant de 1875 qu'ils ont été entrepris ; et pourtant ils ont donné déjà quelques résultats importants qui justifient les prévisions de ceux qui croyaient à la possibilité de l'emploi de ces combustibles pour la fabrication de la fonte. Tel est en peu de mots le chemin qu'a parcouru la question de la fabrication des fontes avec combustibles minéraux. Telles sont les causes, tout extérieures, étrangères à la

métallurgie proprement dite, qui ont fait adopter partout le coke, au premier moment, et qui ont fait depuis essayer l'emploi de combustibles non carbonisables.

La comparaison de la production de l'année 1871 avec les années 61 et 51 montre à grands traits le développe-

ment; et les résultats de cette dernière année donnent probablement le chiffre maximum auquel pourra jamais parvenir la production de fonte au bois dans les fourneaux autrichiens.

Pendant les années 1872 et 75 la fabrication a été plus forte encore, il est vrai (5) ; mais, en 1875 au moins, là plus grande partie de l'augmentation est déjà due à la mise en feu de hauts fourneaux au coke, et il faudrait le renouvellement de prix aussi exceptionnels qu'en 1872 pour pouvoir de nouveau provoquer une telle production de fonte au charbon de bois. Voici ce tableau comparatif: () En 1873, la production totale de ces mêmes régions a été de 237,400 tonnes. C'est la plus forte production qui ait jamais été atteinte; car en 187é, la production avait baissé déjà de près de 20.000 tonnes.