Annales des Mines (1876, série 7, volume 9) [Image 204]

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CONSTITUTION GÉOLOGIQUE.

RICHESSES MINÉRALES DE LA. NOUVELLE CALÉDONIE. 595

de silicate de nickel dans des roches porphyroïdes à grands cristaux de diallage lamelleux. Enfin, on rencontre assez souvent au milieu des serpentines des veinules assez régulières, de quelques centimètres

d'épaisseur, dans lesquelles le silicate de nickel est con -

centré en rognons d'un beau vert émeraude au

milieu

d'argiles magnésiennes. Ces enduits nickélifères, quelque abondants qu'ils puissent être, et même ces veinules plus ou moins régulières ne constituent évidemment pas des gisements susceptibles d'être exploités. De même aux

États-Unis où la pimélite est assez fréquente au milieu des serpentines, accompagnant le fer chromé, on ne l'a jamais rencontrée qu'en petites quantités inexploitables, de sorte que ce minéral n'avait pas encore été considéré, au point de vue industriel, comme un des minerais du nickel. Découverte d'un filon nickélifère dans le massif du mont

Dore. - C'est à la fin de l'année 1874 qu'on rencontra pour la première fois en Nouvelle-Calédonie le silicate de nickel en filon régulier, constituant un gisement bien défini .et susceptible d'être exploité. Nous avons visité ce filon,

peu de temps avant notre départ de Nouvelle-Calédonie, au moment de sa découverte. Il affleure sur le Versant S.-E. du massif du mont Dore, sur la rive droite d'une petite rivière qui est désignée sur les plans du service topographique sous le nom de rivière Mbéa. Ce cours d'eau

se jette dans la petite baie de Plum, qui n'est elle-même qu'une partie de la .baie de Muéa. Il descend du N. au S. au fond d'une petite vallée marécageuse que bornent à l'ouest la chaîne du petit et du grand mont Dore, à l'est le massif de l'Ouaghi, au nord une chaîne de contre-forts qui

se détache du grand mont Dore et sur l'autre versant de laquelle se trouve la vallée de la Coulée. Toute cette région est exclusivement formée de serpentines en roches, de silex caverneux, et d'amas d'argiles jas-

poïdes ferrugineuses et de fer hydroxyde caverneux ; sur ce même versant, il existe sur le flanc du petit Mont Dore

des amas de fer chromé. Enfin nous avons recueilli, parmi les roches dont les débris couvrent le sol, des roches porphyroïdes à grands cristaux de diallage, telles que les

échantillons 107 et io8, mais nous n'avons pu observer ces roches en place; nous ignorons donc comment et suivant quelle direction elles sont injectées dans les serpentines.

Le silicate de nickel est très-abondant dans les serpentines en roche et dans les roches porphyroïdes à cristaux de diallage, sous forme de veinules et surtout d'enduits dans les joints de la roche; ces plaquettes d'argile magnésiennes colorées par le nickel, très-brillantes et d'un beau vert émeraude dans les cassures fraîches, se décolorent rapidement et tombent en poussière par l'action des agents atmosphériques. Le filon proprement dit affleure sur le versant de la mon-

tagne, à 5 kilomètres environ de la mer. Il est orienté de l'E. à 1'00, perpendiculairement à la direction de la Au moment de notre visite, les affleurements de ce filon avaient été mis à nu par une tranchée sur quelques mètres de longueur.

En-ce point, la structure du filon -est bréchoïde ; son remplissage se compose de silicate de nickel mélangé à des

argiles magnésiennes qui ont été manifestement injectées au milieu de la serpentine dont elles empâtent des fragments; c'est une serpentine compacte, cireuse, de couleur brune. L'échantillon i io de notre collection représente assez exactement l'aspect de ce filon près de ses affleurements. Nous estimons que les parties stériles., qui sont formées de serpentines englobées dans le filon, représentent

un peu plus de la moitié de sa masse totale. Sa puissance est d'environ 1"1,25 ; elle est difficile à déterminer --exactement, car le toit et le mur ne sont pas nettement séparés