Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 146]

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EXPOSÉ DES TRAVAUX

DE M. ÉLIE DE BEAUMONT.

d'admettre que les phénomènes concernant le globe se passent au rebours des lois de la physique ; et c'est vouloir aller contre elles que de supposer que l'énergie totale de notre globe, sous quelque forme qu'elle y existe, ne se dissémine pas petit à petit dans l'espace comme celle du soleil. On ne

soupçonné jusque-là, ont joué les Mnanations du noyau central, chargées de rajeunir la partie superficielle en lui

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peut nier d'ailleurs que la chaleur apportée par les laves ne soit réellement perdue par rayonnement ; et plus il plaira d'augmenter la durée des temps géologiques, plus on sera

obligé d'attribuer de puissance originelle à la cause, non encore amortie, de cet apport perpétuel de chaleur. Tout indique clairement la marche du monde terrestre vers un état final, l'impossibilité d'un retour en arrière, et en même temps la nécessité d'un commencement, d'une

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fournissant sans cessé de nouveaux elements. Ces travaux, qui semblent. purement théoriques, ont un intérêt pratique considérable. Le hasard, des chances heureuses, ont présidé longtemps à la découverte des richesses minérales; la tâche du géologue est de circonscrire de plus en plus le champ où les recherches des substances utiles doivent être faites pour être productives, d'indiquer au mi-

neur les régions qu'il doit explorer et celles où il ne doit rien espérer ; aussi l'exploiffition rationnelle de la terre ne datera que du jour où nous serons suffisamment renseignés

sur l'origine et le mode de production des matières qui

création.

composent son écorce.

Je reviens à la théorie d'Élie de Beaumont. Nous pourrons la résumer dans un mot : les montagnes et les accidents dont je vous ai entretenus sont les effets de l'action mutuelle de l'enveloppe et du noyau intérieur. Mais là ne

Nous pouvons trouver dans les oeuvres d'Élie de Beaumont un exemple de l'influence heureuse que la géologie

se bornaient pas, dans l'esprit d'Élie de Beaumont, les résultats de cette action mutuelle : les fentes de l'écorce sont autant de canaux qui nous mettent en communication avec les couches profondes du globe ; ces fentes sont remplies, les unes de produits volcaniques, les autres de minerais métalliques ; c'est au milieu d'elles que circulent lés

eaux qui donnent naissance aux sources minérales. Ces trois sortes de produits, en apparence si différentes, Élie de Beaumont en a montré l'origine commune et la filiation, dans un mémoire (*) de quelques pages qui, sous une forme condensée, retrace l'histoire du globe au point de vue chi-

mique, et dont la conclusion générale est que l'activité chimique du globe, comme son activité mécanique, a été en diminuant pendant les temps géologiques.

C'est dans ce mémoire qu'il a montré quel rôle, non i*) Bulletin de la Société de géologie, 2' série, t. IV, 1847

peut et doit exercer. Il n'y a pas un siècle que l'on s'est préoccupé sérieusement du rôle que joue dans les plantes et dans les animaux l'un des éléments les plus essentiels de leur constitution : je veux parler du phosphore. Les squelettes de tous les animaux en contiennent de notables pro-

portions. Ce phosphore ne peut leur venir que des végétaux qui eux-mêmes le puisent dans le sol. Tous les végétaux,

et notamment les graines des céréales, en contiennent. Ce phosphore est nécessaire et aussi indispensable à leur existence qu'a la nôtre. °Ainsi chaque récolte enlève à la terre arable une partie de son phosphore et l'épuise peu à peu. Quand 1' épuisement est complet, la terre devient absolument stérile (*).

Dans l'état de nature, la quantité de phosphore dont la couche arable a été dotée originait:etnent doit rester à peu (*) Étude Sur l'utilité agricole et sur les gisements géologiques du phosphore. Mémoires de la Société impériale et centrAe d'agriculture, L 856.