Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 144]

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EXPOSÉ DES TRAVAUX

diverses, ce qui diminuait d'autant la part revenant à chacun de ces systèmes. De plus, il avait reconnu aussi que l'accident caractéristique du système des montagnes, la discordance de stratification, était facile .à suivre en longueur sur de grandes distances, mais que transversalement cette discordance disparaissait rapidement ; que des terrains discordants en France et en Irlande, par exemple, pouvaient être concordants en Angleterre ; de sorte que le

ridement et l'écrasement correspondant à une époque déterminée ne s'étendent jamais qu'à une faible partie de la surface de la terre. Si, par exemple, Un ridement a diminué la circonférence terrestre de 4o kilomètres, il ne faut

pas oublier que ces 4o kilomètres ne sont que la millième partie de la circonférence ; or ce ridement peut

DE M. ELLE DE BEAUMONT.

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un point déterminé, les périodes de repos où la sédimentation a été tranquille et prolongée ont été infiniment plus longues que les époques de troubles, de perturbations ou de convulsions, comme on voudra les appeler.

Mais le désaccord commencera à .s'accentuer, si nous cherchons à remonter aux causes de ces perturbations. Les géologues de cette école admettent bien que la terre

peut avoir été autrefois plus ou moinsliquide, plus ou moins chaude ; mais si c'est vrai, disent-ils, il y a si longtemps, que toute trace de chaleur primitive s'était évanouie avant les premiers temps géologiques auxquels nous pou vous remonter. Un de ces adeptes disait même récemment que la ci oyance à la chaleur centrale n'était qu'un reste des traditions mythologiques des Grecs, « un vieil avatar

amener des dislocations considérables là où il se produit, mais non troubler la sphère entière au point d'y éteindre la vie. Les opinions d'Élie de Beaumont ont été si souvent méconnues que je dois vous citer textuellement un passage bien net de lui à cet égard. «En 1854, dit-il, je m'élevai déjà contre l'opinion qui regarderait chacune des révolutions de la surface du globe comme ayant déterminé non-seulement des déplacements, mais encore un renouvellement des êtres vivants.

de l'ancien mythe du Tartare (*)» ; il faisait ressortir combien il était singulier de ne pas trouver partout le même accroissement de température, lorsqu'on pénétrait dans les couches profondes du sol ; enfin, tirant parti d'un sondage qui, comme tous les autres, avait donné des températures crois-

« Lorsque les fossiles de tous les terrains seront parfaite-

d'une flamme, il faut parcourir des distances de plus en plus

ment connus, ils formeront par leur ensemble une série aussi continue que l'est aujourd'hui la série partielle des terrains jurassiques et crétacés, ou celle des terrains paléo-

zoïdiques, et sans cesser d'identifier les couches d'après leurs fossiles, les géologues seront ramenés à baser les divisions des terrains sur leur gisement (*) » Il y a donc accord entre Élie de Beaumont et l'école opposée sur l'absence de toute catastrophe violente et soudaine sur toute la terre ; il y a accord aussi sur ce que, en (i») Bulletin,

IV, p. 384, 1831i.

santes, mais de moins en moins rapidement, il s'écriait «Un résultat semblable serait-il possible si cette source de chaleur existait au centre de la terre ? Comment veut-on prouver au simple bon sens qu'en approchant son doigt

grandes, à mesure qu'on s'approche, pour sentir plus de chaleur ? N'arriverait-on pas à la conclusion la plus invraisemblable, pour n'en pas dire plus, savoir; qu'en approchant du noyau incandescent, il faudrait faire même des milliers de mètres pour trouver une augmentation d'un degré (")?»

Malheureusement pour sa thèse, personne n'a songé à assimiler l'intérieur de la terre à la flamme d'une chandelle, (*) Vogt, les Volcans. Association française pour l'avancement des sciences, 2' session, p. zo.'48. (") Vogt, idem, P. lott7.