Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 39]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

74

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Nul plus que Callon ne pouvait répondre au désir que l'on manifestait de voir apporter dans une affaire de la régularité et de la méthode. Cependant les problèmes à résoudre étaient considérables; il fallait, sans rien interrompre 10 Développer les travaux commencés dans des conditions convenables ; 2° Modifier la marche dans les galeries mal attaquées ;

50 Reprendre les vieux travaux là où il existait encore beaucoup de houille, combattre les feux naturels, se préserver des eaux accumulées dans les vieux travaux noyés ; 40 Adopter des modes de roulage mécaniques, désirables partout, mais indispensables dans un pays où la maind'oeuvre était rare ; 50 Enfin, assurer l'avenir par l'aménagement. Callon se mit résolûment à l'oeuvre ; il se trouvait en face d'un problème vraiment magnifique pour un ingénieur: arracher du sein de la terre les richesses qu'elle renferme et demander aux forces naturelles la plus grande partie élu travail à accomplir. Son champ d'études avait une superficie de 92.000 hectares, deux fois l'étendue du département de la Seine ; le relief du sol était fort accidenté et présentait des différences d'altitude de plus de 5oo mètres. Ces différences d'altitude permettaient de recourir à l'action de la gravité, soit pour aller chercher dans des carrières et amener à l'intérieur des mines les remblais destinés à remplacer le charbon dans les excavations, soit pour conduire au dehors les wagons chargés de houille, et ramener sur quelques points les wagons vides au point de départ. Le système général d'exploitation du bassin de la Grand'Combe se divise en deux branches bien distinctes : dans une partie, la plus anciennement attaquée, on exploite par galeries et avec des plans inclinés débouchant au jour ;

SUR JULES GALLON.

75

dans la seconde partie, la plus importante pour l'avenir, on exploite et l'on exploitera par puits. Les plans inclinés étaient donc connus à la Grancr-Combe

avant 1846; mais, à partir de cette époque, leur application se poursuit sur la plus grande échelle ; ils sont poussés aux plus hauts sommets pour charger les remblais, ils descendent dans les mines et reparaissent au jour pour conduire les houilles aux quais de chargement ou aux usines dans lesquelles elles seront lavées, transformées en coke ou en agglomérés (*). Il nous serait impossible de décrire tous ces plans inclinés sur lesquels la gravité remplit toujours son rôle silencieux; sur quelques points, deux ou trois ouvriers agissent sur des freins et suffisent à assurer la marche ré-. gulière de 1.800 bennes par vingt-quatre heures. Les wagons vides sont remontés tantôt par les wagons pleins, tantôt par des appareils hydrauliques qu'alimentent les eaux des mines. Cette première partie du service assurée, il fallait s'occuper de l'avenir. Il n'y a pas, en effet, de travaux de plus longue haleine que les travaux de mines ; il fautildes années

pour foncer des puits, ouvrir des galeries, et l'importance de ces travaux est la meilleure réponse à faire aux partisans des exploitations morcelées.

L'allure générale des couches

fut reconnue dans une partie de la concession, l'emplacement des puits déterminé avec une grande précision et -l'aménagement assuré pour une production normale de 700.000 tonnes ; en 1874 on en a extrait 615. 000. Mais il ne suffit pas de rédiger des projets et de résoudre les difficultés' d'un ordre purement scientifique. Des diffi(*) En 18711 il a été fabriqué, à la Grand'-Combe, 178.000 tonnes

d'agglomérés; quelques années auparavant on laissait dans certaines exploitations Lm p. 100 de houille extraite : personne ne savait utiliser les charbons en poudre.