Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 36]

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NOTICE BIOGRAPHIQUE

teurs et les autres élèves est donc très-grande ; elle a été diminuée mais point comblée par l'institution des cours préparatoires que doivent suivre ceux des élèves externes qui désirent à leur sortie obtenir un diplôme d'élève breveté.

En second lieu, les Écoles des mines et des ponts et chaussées sont des écoles d'application comme l'École de Fontainebleau ( combien d'années n'avons-nous pas dit l'école de Metz !) ; le professeur doit donc appliquer les

théories exposées à l'École polytechnique et non pas les poursuivre et les développer. Mais s'il est facile de poser ce principe, il l'est moins de le suivre, surtout dans le cours de mécanique dont Gallon était chargé ; si la théorie domine, on revient à la mécanique rationnelle; si la pratique l'emporte, on se borne presque à la technologie. Pendant huit ans nous avons fait à l'École des ponts et chaussées le cours de machines à vapeur et d'exploitation des chemins de fer, et nous avons profondément senti cette double difficulté ; nous estimons que Gallon a su admirablement la vaincre. En analysant la partie de ses cours qui vient d'être imprimée, nous nous efforcerons de faire ressortir combien facilement ses leçons, tout en partant des sommets élevés de la mécanique rationnelle, arrivaient à des séries de conclusions pratiques, conclusions aussi utiles aux futurs ingénieurs de l'État qu'aux futurs ingénieurs civils des mines. Gallon a professé pendant vingt-quatre ans à l'École des

SUR JULES CA-LION.

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L'éducation d'un ingénieur n'est complète, a écrit Gallon dans son Cours d' exploitation, que lorsqu'il a vu par lui-même et dans le dernier détail un grand nombre et une grande variété de gisements. » Peu de personnes soupçonnaient ce labeur écrasant; on savait Gallon au courant des moindres perfectionnements, des moindres faits qui se produisaient dans l'industrie des mines, mais on ignorait à quel prix il se tenait à ce niveau élevé!

A plusieurs reprises, celui qui écrit ces lignes a exprimé à Gallon le désir de le voir prendre un peu de repos ; il lui disait que personne ne trouverait mauvais qu'un ingénieur

plus jeune le suppléât dans une partie de ses cours et fît pour lui ce que lui-même avait fait huit ans pour M. Combes.

Callon s'y est refusé obstinément Mes cours, me disait-il, sont pour moi un plaisir, un délassement. Ce n'est qu'en décembre 1872 que, vaincu par la fatigue, il a demandé un congé ; mais au lieu d'employer ce congé à se reposer, il a entrepris l'immense publication qui devait résumer l'ceuvre de toute sa vie. Jamais il n'a tant travaillé pour l'École des

mines et pour l'honneur du corps auquel il appartenait qu'en laissant aux générations qui s'y succéderont le secours écrit de son enseignement. Tout en s'acquittant avec un zèle extrême de ses fonctions

de professeur, Gallon fut attaché par le ministre des travaux publics à un certain nombre de commissions, les unes

mines, de 1848 à 1872; il n'a manqué qu'une leçon, le

permanentes, comme celles des machines à vapeur, des

jour de la naissance de son second fils. Bien souvent, dans

Annales des mines, des règlements et inventions concernant les chemins de fer ; les autres temporaires, mais constituées en vue d'études importantes. Nous citerons parmi ces dernières les commissions chargées d'étudier La révision de la loi sur les mines, Les tramways de Paris et les chemins métropolitains.

l'intervalle des leçons, il faisait des courses de Paris aux extrémités de la France, passait en wagon deux nuits sur trois, rentrait chez lui à cinq heures du matin, mettait ses notes en ordre et montait à l'heure dite à l'amphithéâtre. Sa diction était lente à dessein, sa voix un peu sourde et voilée; mais pendant deux heures il savait retenir l'attention de son auditoire.