Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 48]

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GISEMENTS DE BITUME FOSSILE

DE ZAHO (KURDISTAN).

d'Herboul. La mise en pression s'est faite à peu près aussi rapidement qu'avec le charbon anglais ; en marche, la pression se tenait très-bien et était sensiblement plus élevée que lorsqu'on chauffait avec la houille. Quant au poids brûlé par heure, il était le même dans les deux cas. Après les essais nous avons visité les chaudières qui se trouvèrent intactes : les barreaux de grille n'avaient subi aucune altération sensible ; les tubes étaient seulement un peu plus sales que d'habitude, mais la suie était enlevée

plusieurs jours. L'appareil était disposé de manière à pouvoir recueillir les produits liquides et gazeux et être chargé en marche.

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avec la plus grande facilité en se servant de la brosse à tubes. 2° Expériences sur une chaudière fixe système Cornouaille

de 12 chevaux. Après plusieurs expériences faites sur cette chaudière, nous avons constaté les résultats suivants : En chauffant au bois et en mettant la machine en marche, la pression qui, au départ, était de 55 livres anglaises par pouce carré, tombait rapidement et la pompe centrifuge

actionnée par la machine, ne tournant plus assez vite, cessait d'aspirer l'eau. Si à ce moment on remplaçait le bois par le bitume, la

pression remontait rapidement jusqu'à 57 livres et se maintenait à ce point, tandis qu'en chargeant la grille avec du charbon anglais, le manomètre ne marquait plus que 55. Devant des résultats si évidents nous n'avons pas hésité à proposer l'emploi du nouveau combustible. Le seul reproche qu'on puisse lui faire est la grande quantité de fumée qu'il dégage; mais nous sommes convaincu que lorsqu'on voudra adopter dans les foyers, soit le fumivore Thierry, soit les boîtes à air dans les autels (système Williams), on diminuera considérablement la production de la fumée. Essais comme charbon à gaz. Le bitume fossile d'Herboul se présente 'comme une substance noire, un peu brillante, à cassure conchoïde; il est excessivement riche en produits hydrogénés. Ayant installé un petit appareil de distillation composé de deux cornues en tôle, nous fîmes des essais qui durèrent

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Le gaz obtenu était très-éclairant; son odeur rappelait

celle du gaz d'éclairage ordinaire et n'était pas infecte malgré l'absence d'appareil laveur. Après la distillation nous avons constaté que le coke obtenu était très-acceptable, quoiqu'un peu friable ; il est probable que la calcination en tas donnerait un coke meilleur et plus compacte. Quant au goudron, il était très-abondant; le temps nous a manqué pour l'examiner au point de vue chimique; nous avons seulement pu constater qu'on pouvait chauffer les cornues en employant le coke obtenu sur lequel tombait un mince filet de ce goudron.

Nous avons dit dans le commencement de cette note qu'il existe plusieurs affleurements de ce bitume. A Serranich, on trouve le bitume intercalé dans des couches de schistes qu'il a pénétrées ; il est très-impur et ne paraît pas être en quantité considérable.

Il y a aussi près d'Erbille une couche puissante de cal-

caire imprégnée de bitume. La proportion de bitume ne dépase pas 20 p. oo ; par la combustion, ce calcaire donne une chaux de bonne qualité et légèrement hydraulique.

J'ai également rencontré en divers points, depuis Kerkouk. jusqu'à Erbille, des suintements de pétrole qui pour-

raient sans doute être utilisés. Ces pétroles sont noirs, c'est-à-dire très-chargés de bitume, et une simple distillation les purifie suffisamment pour les rendre aptes à l'éclairage. Il y aurait donc lieu de faire quelques sondages. Bagdad, 29 décembre 1872.