Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 190]

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EXPLOSION D'UN BOUILLEUR D'UN GÉNÉRATEUR

supérieure du bouilleur. On comprend que la vapeur qui se produit dans ce bouilleur vient d'abord s'accumuler dans l'espace qui se trouve en contre-haut du tuyau de communication, avant de pouvoir se dégager par celui-ci. L'oxygène de l'air tenu en dissolution par l'eau se joint à la vapeur et exerce intérieurement une action oxydante qui est singulièrement favorisée par la présence de l'acide carbonique, ainsi qu'il résulte d'expériences faites par la société industrielle de Mulhouse; or nous avons reconnu que l'eau de la rivière de Vence, employée pour l'alimentation de la chaudière de la Forge, contient 4 millièmes en volume d'acide carbonique. Il faut tenir compte aussi des variations de température qu'éprouve le bouilleur entre deux alimentations successives. Nous avons cherché à évaluer ces variations en exécutant quelques expériences sur une chaudière installée dans des conditions presque identiques et consommant à peu près le même poids de houille par mètre carré de surface de chauffe. Nous avons constaté que la température de la fumée était de 3300 à l'entrée des réchauffeurs, 2000 au passage du premier au second bouilleur et 1600 à la sortie; mais comme la température mesurée est une moyenne entre celles des divers filets gazeux qui suivent les carneaux, elle était plus considérable à la partie supérieure qu'a la partie inférieure, et l'on peut admettre qu'elle atteignait 250 à 2400 au point où les gaz chauds passent du carneau supérieur au carneau

inférieur. Il est à remarquer que ce point correspond à celui du bouilleur inférieur oit la tôle est le plus complètement rongée, et que c'est là que le courant des gaz chauds devait le frapper avec le plus d'intensité et dans une direction à peu près normale à la surface chauffée. Pendant l'alimentation, les vapeurs se condensent et la température s'abaisse rapidement à 164. correspondant à celle de l'eau sous la pression de 6 kilogrammes. Ces changements brusques de température sont certainement ac-

A LA FORGE, COMMUNE DE MOIION (ARDENNES).

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compagnes de contractions et de dilatations qui, quoique relativement faibles, se renouvellent assez fréquemment pour fatiguer peut-être le métal et lui faire perdre de sa qualité. Mais si l'on ne veut pas attribuer une influence prépondérante à cette cause, on ne peut au moins contester que les oscillations du niveau de l'eau dans le bouilleur ne favorisent l'entraînement des parties attaquées, et, mettant à nu la surface du métal, ne facilitent l'action corrosive exercée par l'oxygène et l'acide carbonique. Il en résulte que la tôle se ronge progressivement, et qu'au bout d'un certain temps elle se trouve assez amincie pour céder à la pression.

D'après les essais que nous avons faits au laboratoire de Mézières, l'eau d'alimentation n'a d'ailleurs aucune réaction acide. Elle titre 200 1/2 à l'hydrotimètre et contient, outre 4 centimètres cubes d'acide carbonique, 195 milligrammes de carbonate de chaux et 8 milligrammes de sels de magnésie

par litre ; les sulfates et les chlorures n'y sont qu'à l'état de traces. C'est donc une eau de bonne qualité, et qui n'est pas de nature à former des dépôts incrustants. Nous devons ajouter encore que le nerf de la tôle était disposé suivant la longueur des bouilleurs, et non dans le sens transversal, comme il convient de faire pour obtenir la plus grande résistance, et que, pendant l'hiver rigoureux de 1870-1871, cet appareil est resté plein d'eau et a subi les atteintes de la gelée, ce qui a dû beaucoup fatiguer le métal. La chaudière a subi pour ce fait une réparation qui n'a pas paru utile pour les bouilleurs. Quoi qu'il en soit, nous pensons que ces faits, par eux-mêmes, ont eu peu d'influence sur l'explosion du bouilleur. Nous concluons qu'il faut attribuer cet accident à Un vice

de construction de l'appareil, qui ne permettait pas à la vapeur qui pouvait se former dans le bouilleur inférieur vdaepse'u.et: dégager facilement pour se rendre au réservoir de