Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 102]

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EXTRAIT D'UNE NOTICE

vateur est entouré, ses pensées, dégagées des petitesses de la vie habituelle,, s'élèvent par degrés jusqu'à l'infini. Même au déclin de la vie, quand_ les brillantes couleurs de la jeunesse ont perdu leur éclat, l'âme, saisie d'admiration en présence de pareilles splendeurs, subit un charme inexprimable et s'abandonne aux plus irrésistibles entraînements. » Il était membre du club Alpin-Suisse,, et il avait puissamment contribué à fonder le club Alpin-Français, dont il venait d'être nommé président. Parmi les courses les plus dangereuses qtialt faites M. de

Billy, on peut citer : l'ascension du pic de la Maladetta pendant sa collaboration à la carte géologique de France son guide disparut dans un gouffre à côté de lui sans qu'il pût lui tendre la main et le sauver;, le passage du col du Géant, entre la vallée de Chamounix et la vallée d'Aoste ; le passage du Weissthor, à l'origine de la vallée de Macugnaga, entre le territoire italien et celui du Valais. Deux fois il put, en exposant sa vie, sauver un de ses semblables : la première, eh se jetant à la mer au Grau-du-

Roi, en avant d'Aiguesmortes, où il ramena à terre un douanier qui se. noyait; la seconde, en arrachant à une mort

certaine, au risque de périr avec lui, un maître de forges entraîné dans un puits de mines. Mais c'est à une époque bien douloureuse, et dont les terribles épreuves vivront longtemps dans la mémoire des habitants de Paris, pendant le siège de notre capitale par les armées allemandes, que de Billy put largement assouvir cette soif de dévouement qui bouillonnait dans son coeur généreux. Momentanément dans ses propriétés du Gard pendant le commencement des hostilités, dès qu'il apprend la fatale nouvelle des désastres de Reichshoffen et de Forbach, comprenant que Paris est menacé, il y accourt, avant l'investissement, prendre place parmi les chefs de la Société de secours aux blessés militaires, et il ne cesse d'y

SUR M. DE BILLY.

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jouer le rôle le plus actif, tant pour l'organisation et le service des ambulances que pour relever les blessés partout où les obus éclatent et où le sang coule, sur les champs de bataille autour de Paris. Combien de fois ne l'avons-nous pas vu revenir, aux heures avancées de la nuit, couvert le la boue des tranchées, ou grelottant par les temps les plus rigoureux, succombant à la fatigue, mais ayant accompli son devoir parmi les plus braves, tant qu'il y avait un blessé à relever du sol, où il allait mourir, et à porter jusqu'aux voitures qui les amenaient dans nos hôpitaux ! Hais laissons la parole au prince éminent que la Société de secours aux blessés vient, par une si heureuse inspiration, d'appeler à sa tête il y a quelques mois. Le conseil de la Société a tenu, le 9 avril, une séance à laquelle assistaient les délégués de tous les comités de province. Notre

ami devait y lire un rapport important, où il posait les bases de l'organisation du service des ambulances de la Société en temps de guerre.

Ce rapport était le complément de celui si remarquable et si étendu où de Billy avait exposé toute l'oeuvre de la Société pendant la guerre, et où étaient résumées, avec une fermeté et une lucidité remarquables, des règles qui feront loi désormais pour cette comptabilité détaillée, garantie nécessaire du bon emploi des dons généreux qui afflueraient par millions, comme dans la campagne de 1 8 7 0.-

1871, si la guerre devait encore déchaîner ses fureurs et ses ravages sur notre chère patrie. 11,1g, le duc de Nemours, président de la Société, s'exprimait en ces termes à cette séance « à vous parler d'un système général d'organisation à établir en vue de la prompte création du service hospitalier qu'en cas de guerre la Société pourrait fournir, ainsi

que d'un plan détaillé de la formation et de la composition des ambulances ei y concourraient. cc Cette dernière partie du travail avait été approfondie