Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 99]

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EXTRAIT D'UNE NOTICE

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. ÉD. DE BILLY INSPECTEUR GÉNÉRAL DES MINES

Par M. le Général de CHABAUD LA TOUR.

EXTRAIT.

Le samedi saint, 4 avril, à dix heures et demie du soir, dans la tranchée de. Périgny, à 5 kilomètres de Dijon, le train express venant de Lyon heurtait un train de marchait-, dises en détresse, dont le conducteur avait négligé de faire

les signaux prescrits en pareil cas. Cet employé s'était, dit-on, endormi; il a payé sa faute de la vie ! Huit wagons de marchandises sont brisés. Dans l'express, une chaîne s'est rompue ; les voitures des voyageurs ont été violemment repoussées en arrière, et leurs vies sont sauvées. Une seule

voiture a été endommagée; dans cette voiture, le devant du coupé est fracassé. M. Édouard de Billy y dormait sur les coussins ; il en est précipité par le contre-coup, serré et retenu entre les bouilloires d'eau chaude et les débris du coupé. On le retire avec peine en achevant d'enfoncer le devant du coffre de la voiture ; on l'examine : il a les côtes brisées, la poitrine oppressée. Cependant il parle ; il répond aux questions d'un ecclésiastique qui, animé de l'esprit de charité chrétienne qui est l'apanage de sa robe, lui apporte des consolations ; il indique ses souffrances qui sont

cruelles, quand tout à coup la parole cesse et la vie s'échappe! On transporte le corps inanimé de M. de Billy à Dijon;

c'est là que ses fils, partis sur l'heure de Paris, en apprenant par une dépêche télégraphique la catastrophe, ont retrouvé leur père, le visage encore serein et résolu. C'est

SUR M. DE BILLY.

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là aussi qu'en présence des ingénieurs résidant à Dijon et des membres du consistoire de l'Église réformée et avant la fermeture du cercueil, M. le pasteur Veysson a prononcé quelques paroles émues d'adieu, de consolation, d'exhortation et d'espérance. Édouard de Billy était né le 26 mai 18o2 à Anvers, département des Deux-Nèthes, où le général de Billy, son père, avait un commandement. Quatre ans après, le 14 octobre 18o6, le général de Billy était tué glorieusement surie champ de bataille d'Iéna ; et. son nom, désormais historique, était donné à l'un des quais de la Seine à Paris.

L'impression profonde produite sur le coeur du jeune enfant, par la mort héroïque de son père, ne fut pas perdue pour l'adolescent, et, pendant tout le cours de ses études comme pendant sa longue et belle carrière, le sentiment austère du devoir, celui de la responsabilité du nom qu'il portait, fortifiés par une éducation toute chrétienne, ne cessèrent d'animer Édouard de Billy et d'être la régie de sa conduite.

Entré à l'École polytechnique en 182o, il y fut bientôt aimé de tous, et il y noua, avec l'élite des élèves de sa promotion, les liens de solides amitiés qui ne se sont jamais relâchés.

Après 'deux années des études, on peut dire les plus passionnées, Édouard de Billy sortait dans un des premiers rangs de cette célèbre École, et il entrait dans cette belle carrière des ingénieurs des mines, que se disputent chaque année les têtes de promotions. Chargé, en 1826, du service d'arrondissement dans les départements du Haut-Rhin et des Vosges, il s'y consacra jusqu'en 1854, sans autre interruption que celle occasionnée par un voyage fait en Angleterre, dans le but d'y étudier l'exploitation des mines, la géologie et les établissements métallurgiques du pays. TOME VI, 18711.

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