Journal des Mines (1814, volume 36) [Image 99]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

SUR LES VASES MURRHINS,, 396 D, par les plus savans hommes que l'Europe ait: » produits, on ne sache pas encore avec certi-

tude de quoi se formaient ces fameux vases » dont le prix était si considérable. » Cela devient beaucoup moins étonnant , lorsqu'on examine avec attention de quelle manière se faisaient ces recherches. La plupart des écrivains qui ont traité .cette question et d'autres semblables , bien que des prodiges d'érudition en certains genres , étaient généralement fort peu versés dans l'histoire naturelle. Ils coinmen çaient par rassembler avec des travaux infinis tous les passages relatifs à leur sujet, épars

dans les écrits des anciens ; ce qui était, j'en. conviens, une excellente méthode : mais, sa-

tisfaits après cela d'avoir prouvé leur érudition, ils se bornaient à comparer, pour ainsi dire au hasard , quelques-uns de ces renseignemens avec les notions incomplètes qu'ils avaient sur -un nombre très-limité de substances naturelles. A cette insuffisance dans les données se joignait

une manière de raisonner qui n'était certainement pas irrépréhensible : aussi les volumes écrits sur ces matières , loin de les éclaircir n'ont servi très-souvent qu'à les embrouiller davantage ; et, dans la question présente, la divergence des opinions est telle, qu'on croirait que le pur caprice les a dictées.

Les uns veulent que la matière des vases murrhins ait été une sorte de .gomme ; les autres, du

verre ; d'autres, une coquille de poisson. Jé-

r iime Cardan et-Scaliger assurent que c'était de

la porcelaine ;- beaucoup d'antiquaires croient que c'était une pierre précieuse; quelques-unscn t soupçonné que c'était une obsidienne. Le comte,

SUR LES VASES MUR HINS.

197

de Veltheim pense que c'était la pierre de lard de la Chine ; et le docteur HaL,er a tâché de

prouver, dans sa Numismatique et dans son Panthéon chinois , que c'était cette espèce de pierre fort précieuse, Connue à la Chine sous le nom de pierre de yu. L'auteur des Recherches philosophiques sur les Egyptiens et les Chinois qui tranche souvent, en quelques lignes , des questions délicates sur les sujets les plus importans , a consacré à celle-ci un assez

grand nombre de pages, et n'en a pas beaucoup avancé la solution ; il finit par assurer que

cette matière n'était point de nature calcaire,

sans s'expliquer davantage. Plusieurs des opinions que nous venons d'exposer, n'ont pas même une ombre de vraisemblance, et les autres ne sauraient sou tenirun examen sérieux comment a-t-on pu prendre pour un coquillage une matière d'apparence vitreuse dont on faisait des ustensiles , des meubles de certaines dimensions et de formes tout-à-fait différentes ? comment a-t-on pu croire qu'on ait fabriqué avec une gomme des vases destinés

à recevoir des liqueurs spiritueuses et même

des liqueurs chaudes ?usage bien attesté par ce distique de Martial Si calidampotas , ardenti murra Falemo Convenit , et nzeliorfit saper inde mero.

Le comte de Caylus avait adopté , ainsi que

beaucoup d'autres antiquaires, l'opinion de Cardan et de Scaliger; il va même jusqu'à pré-

tendre que les vases miirrhins étaient d'une porcelaine fabriquée en Eepte. Mariette ,.qui 3