Journal des Mines (1812, volume 32) [Image 26]

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SUR LE GISEMENT

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comme on emploie pour paver les rues de Nevers une pierre très-dure qui a tous les carac-

tères du calcaire d'eau douce, ou plutôt du. calcaire siliceux que j'avais vu tant de fois accompagner le calcaire d'eau douce, je fis quel-

ques recherches pour le trouver en place, et je le rencontrai dans deux endroits différens sur les bords de la Loire : à Thiaux , hameau situé à 5 kilomètres au - dessus de Nevers, et à Béard , 15 kilomètres plus haut. Ces deux gîtes , qui bien probablement ne sont pas les seuls de la contrée , ont fort peu d'étendue ;

ils présentent une espèce de couche irrégulière ou de dépôt superficiel peu puissant d'un cal-

caire particulier qui repose sur le calcaire à gryphées, dans de petits plateaux peu élevés

au-dessus de la Loire. Ce calcaire est blanc, passe quelquefois au

blanc-grisâtre, ou au gris-jaunâtre clair des

pierres de Château-Landon ; il est extrêmement dur, présente des parties coinpactes, luisantes, à cassure Conchoïde; d'autres q ni sont traversées en. tout sens par de petites cavités, des crevasses, ou de simples lignes qui lui donnent quelquefois l'apparence d'une concrétion , et d'autres fois

celle d'une brèche qui rappelle celles qu'on voit à Champigny ; il a:enfin tous les carac-

tères du calcaire siliceux des environs de Paris : aussi on voit des parties de silex qui pénètrent de même dans la masse calcaire, se confondent avec cette dernière, et deviennent quelquefois

assez abondans pour former à elles seules de grosses masses presque semblables aux meulières

des bords de la Marne. Les rapports minéralogistes qui existent entre

DU CALCAIRE D'EAU DOUCE.

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le calcaire siliceux et celui qui contient des coquilles d'eau. douce ; la position géologique et géographique du grand plateau de calcaire siliceux au S. E. de Paris ; les observations que j'avais faites dans les départemens d'Indre-etLoire, de Loir-et-Cher, du Loiret et du Cher, où j'avais vu ces deux calcaires s'accompagner presque constamment, et passer insensiblement de l'un à l'autre ; l'opinion de M. Bigot de Morogues (i) qui a assigné une origine commune à tous les calcaires des environs d'Orléans, et qui n'a jamais indiqué une différence de for-

mation entre ces deux variétés, quoiqu'il ait

étudié ce sol avec beaucoup d'attention ; toutes ces considérations, dis-je, m'avaient déjà porté

à ne voir dans le calcaire siliceux, tel qu'il a été déterminé par MM. Cuvier et Brongniart, qu'une modification de la formation d'eau

douce. Les gîtes de Béard et de Thiaux étaient bien

faits pour confirmer cette opinion car ces petits amas partiels , isolés sur un terrain tout différent, éloignent naturellement l'idée d'un dépôt fait au milieu de la mer, mais rappellent plutôt celle de petits lacs isolés.Je sentais bien tou-

tefois que ces conjectures n'auraient pas encore

suffi pour faire considérer le calcaire de ces deux endroits comme d'eau douce ; je m'attachai donc à -y découvrir quelques corps organisés, et j'eus enfin le bonheur de trouver à Béard une masse qui contenait des Limnées, (1) Dans un Mémoire sur la Constitution minéralogique et géologique des environs d'Orléans, .imprimé dans cette ville en 1810.

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