Journal des Mines (1811, volume 30) [Image 161]

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SUR LE PLAN EN RELIEF

DU CANAL DIT MIDI.

rivières, pour parvenir à la vallée de l'Aude, puis à celle de Fresquel , faire monter des bateaux sur une montagne élevée de 189 mètres ( environ 600 pieds ) , et en descendre 63 en suivant la vallée de Lers pour les faire arriver

Noire (1), et qui ne laissait aucun doute sur le succès du Canal. Enfin , il exécuta ensuite les grandes rigoVs sur une longueur de 87,000 ètrès qui, à l'aide d'une voûte souterraine de peu d'étendue (2) , et de trois vastes réservoirs (3) ,

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au-dessous de Toulouse , dans la Garonne, et de là clans l'Océan. Il fallait sur cette longueur d'environ 260,000 mètres, construire un grand nombre de ponts, de chaussées et d'écluses ; mais ce qui était le plus difficile , et d'où dépendait l'existence du Canal, c'était de trouver, en tout teins., dans un pays brûlant , au-dessus du point du partage, une quantité d'eau capable de le remplir, de fournir à ses pertes et à la consommation des écluses vers l'une et l'autre mer (i), à une époque où l'on ne connaissait pas les moyens nouveaux et ingénieux d'économiser les eaux.

On avait d'abord proposé de chercher au midi, dans les Pyrénées , les eaux qa'il fallait amener aux pierres de Naurouse , le point le

plus élevé du Canal (2) niais la crainte de ne pouvoir les y rassembler en quantité suffisante donnait lieu à beaucoup d'objections et à plus d'incertitudes encore : Riquet les fit cesser en ouvrant en quelques mois ,'à ses frais, une petite rigole d'essai qui allait prendre , très-loin au Nord, les eaux descendues de la montagne (i ) Le Canal a /g mètres et demi de largeur à la surface, / au fond, et près de 2 mètres de profondeur. (a) Cette partie de la montagne des.Corbières est de pierre calcaire-coquillère, grise, compacte, dure, d'un grain fin, abondante en cornes d'Ammon et antres coquilles anciennes.

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(1) Cette montagne est toute granitique, et principalement de granite à gros grains. (a) Cette voûte, connue sous le nom de Percée de Campmazes , a 334 mètres de longueur, dont a /3 à ciel ouvert, et 121 de voûtés en pierres. Elle porte les eaux de plusieurs ruisseaux dans le lit du Laudot , où elles tombent d'une hauteur de plus de 8 mètres, et de là se rendent dans le bassin de Saint-Ferréol qui en est peu éloigné. (3) Ces trois réservoirs sont le bassin de Lampy, , celui de Saint-Ferréol et'celui de Naurouse. Le premier, alimenté par le ruisseau de Lampy, est placé en avant de la percée de Campmazes ; il contient 2,665,oco mètres cubes d'eau. Le général Audréossy annonce dans son ouvrage que le calcul de ce bassin , ainsi que celui de Saint-Ferréol , ont été faits par l'ingénieur en chef Garipuy. L'immense bassin de SaintFerréol contient 6,956,000 mètres cubes d'eau; la digue, qui a i2o mètres d'épaisseur à sa base, supporte une hau-

teur d'eau d'environ 3i mètres et demi. Pour éviter les causes de destruction , et la grande pression qu'une masse aussi considérable aurait exercée sur des vannes , surtout lorsque les eaux contenues dans ce vaste bassin sont poussées par les vents et passent par-dessus la digue, on a scellé dans le bas de la masse de maçonnerie trois gros tuyaux terminés par de grands robinets qui versent dans la rivière du Laudot , par un conduit dit Voûte d'Enfer. Une pyramide placée sur la tête de cette voûte s'élève dans le réservoir , et , semblable au nilomètre des Egyptiens , sert à indiquer, à mesure qn'elle se découvre, les degrés d'abaissement des eaux. Belidor regardait ce seul réservoir comme le plus grand et le plus magnifique ouvrage qui ait été exécuté par les modernes. D'après l'Encyclopédie méthodique , Art nzilitaire, première partie, article CANAL il est dit que lorsque le maréchal de Vauban visita le canal du Languedoc pour la première fois, il fut surpris de n'y

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