Journal des Mines (1811, volume 29) [Image 143]

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276 SUR L'ART DE FABRIQUER DU FLINT-GLASS

avec le crown-glass dont on fait usage. A la vérité, la réfringence du flint-glass augmentant avec sa densité, il en. résulte que dans .des circonstances d'ailleurs égales, un flint-glass plus dense permet de donner moins de courbure aux Surfaces des lentilles, et par conséquent d'affoi'Mir davantage l'aberration de sphéricité ; mais, malgré cela il ne faut pas considérer l'accroissement de courbure des surfaces: comme: une conséquence absolue et un résultat nécessaire de la diminution de la force réfringente du. flint-glass. En effet, dans un objectif composé, les rayons des courbures ne dépendent pas seu.

lement de la nature du flint-glass, mais aussi de celle du crown-glass avec lequel il est combiné. Ou, si notre flint-glass français est moins réfringent et moins dispersif que le flint-glass des Anglais, notre crown-glass l'est aussi moins que le leur ; et de là il résulte que nos objectifs

achromatiques peuvent également se prêter aux mêmes rapports , entre les ouvertures des

lunettes et les longueurs des foyers. Cette conséquence que nous tirons de la théorie est par-

faitement confirmée par l'expérience, puisqu'avec le flint-glass de M. d'Artiones le plus

léger de ceux que l'on a employés jusqu'à ce jour , M. Cauchoix fait habituellement des objectifs dont le diamètre réel égale le douzième de leur distance focale; ce qui est la plus

courte limite que l'on ait généralement obte-

nue, même en Angleterre. On n'a

jamais

trouvé jusqu'à présent que ce rapport de longueur fût incommode pour l'usage des lunettes, même de celles que l'on porte à la main ; et

quand *on pourrait les accourcir un 'peu davan-

BON POUR L'OPTIQUE.

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tage , en employant des flint-glass très-denses, cet avantage cesserait bientôt d'en être un, à cause du défaut de transparence, qui en serait la suite presque inévitable. Après avoir déterminé les circonstances les plus favorables pour obtenir du flint-glass pur, diaphane , et propre aux usages de l'optique, il fallait trouver les moyens de l'extraire du centre des creusets sans altérer le parallélisme des cou-. ches. Sur ce point, M. d'Artigues a fait une infinité d'expériences; il essaya successivement de le laisser refroidir dans les creusets, de le couler en table comme des glaces. Ces procédés, et

beaucoup d'autres qu'il tenta , ne réussirent jamais d'une manière constante. Des masses considérables qui semblaient parfaitement transparentes quand on les regardait à l'oeil nu donnaient à peine quelques morceaux dont on pût faire des objectifs. Le reste, et souvent la totalité, avait un aspect gélatineux qui altérait la pureté des contours et la netteté des images ; ce qui prouve bien l'impossibilité de prononcer

sur des produits de ce genre avant d'en avoir construit des objectifs d'un grand diamètre. Cependant M. Cauchoix , qui avait extrêmement à coeur de faire des lunettes avec des matières toutes françaises, et 'qui avait entrepris,, dans cette vue, un grand nombre d'expériences sur les produits de nos diverses fabriques, était parvenu à tirer parti de quelques

morceaux du flint-glass de. M. d'Artigues , quoi-

qu'ils eussent une densité beaucoup moindre que celle du flint-glass anglais ; il les lui porta, et ce premier succès rendit à M. d'Artigues espoir auquel il avait pour ainsi dire renoncé.

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