Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 209]

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ÉTAT ACTUEL

Désargentation par te zinc, ou zingage du plomb- d'ccuvre.

Karsten avait étudié, en 1842, l'influence réciproque du plomb sur le zinc (*). Il avait constaté que les deux métaux ne s'alliaient pas mieux l'un avec l'autre que le plomb et le cuivre. Lorsqu'on conserve en repos, à l'état fondu, le mélange des deux métaux, le zinc vient à la surface, retenant à peine 2 pour ioo de plomb, tandis que le plomb gagne le fond, entraînant à son tour un peu de zinc. La proportion n'est bien souvent que de 1/2 p. 100, mais cette faible dose suffit pour altérer la malléabilité du plomb. Le zinc y semble illégalement réparti, ce qui occasionne des solutions de continuité et compromet ainsi la ténacité des feuilles de plomb. En répétant l'expérience sur des plombs d'ceuvre, Karsten

constata, dès cette époque, que le zinc s'emparait de l'argent, et qu'en distillantle zinc argentifère, le métal précieux n'était pas entraîné. Pourtant le savant métallurgiste n'attacha pas alors au fait nouveau une bien grande importance. Frappé des effets nuisibles que le zinc exerce 'sur le plomb doux, Karsten ne pensait pas qu'on pût utilement se, servir de ce moyen pour isoler l'argent.

Les expériences furent reprises en 1852, lorsqu'on eut appris que le procédé était appliqué en Angleterre, et qu'un brevet avait été demandé par M. Parkes pour cet objet.

Les expériences se firent à l'usine de Tarnowitz, par M. Lange, sous la haute direction de Karsten. On opéra d'abord dans un simple chaudron en fonte convenablement

chauffé. A une tonne de plomb, tenant 1.Lto6 grammes d'argent, on mêla 5 p. oo de zinc, on agita le bain pendant deux heures, et on le laissa six heures en repos. Le zinc, venu à la surface, fut enlevé sous forme de croûtes solides, après l'avoir figé par des aspersions d'eau. Tout l'argent y était (*) Archives de Karsten, t. XXV, D. 189.

DE LA MÉTALLURGIE DU PLOMB.

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concentré; la tonne de plomb n'en retenait que 5 grammes, A.une autre tonne de plomb, tenant 956 grammes, on mêla 2 1/2 p. Io° de zinc ; l'agitation dura une heure, le repos quatre; la désargentation fut encore complète. Lorsqu'on réduisit la dose de zinc à 3/4 p. i oo, il resta 56 grammes d'argent dans la tonne de plomb. D'autres essais montrèrent que, pour ramener la teneur, d'une façon sûre, à 5 grammes par tonne, il fallait, pour des plombs d'oeuvre de 1.000 à 1.400 grammes, I 1/2

p. 100 de zinc, une heure d'agitation et quatre heures de repos. On ,constata d'ailleurs que le plomb retient souvent 5/4 à i p. 100 de zinc, et cela avec n'importe quelle dose de

zinc, que l'on en prenne 4, 5 ou 20 p. loci. La température aussi reste sans influence, L'agitation était produite mécaniquement, comme dans le pattinsonage du système Laveyssière. Il ne fallait pas ici un bien grand effort, puisque les .deux métaux restent fluides, mais il se formait des écumes, des crasses oxydées;

le zinc surtout tend à s'oxyder et n'agit plus alors sur le plomb. On pouvait remédier de deux manières différentes à l'inconvénient signalé : faire remonter le zinc goutte à goutte au travers du plomb, ou bien faire descendre le plomb goutte à goutte au travers du zinc. Le premier moyen, le plus efficace des deux, parut à Karsten difficile à réaliser. Il lit appliquer le second, qui était jadis usité, lorsqu'on désargentait les matières cuivreuses, par la méthode I'im&ib ilion,

Dans un chaudron, contenant du zinc *fondu, on versa le plomb d'ceuvre au travers d'un tamis en fer. Après trois heures de repos, sans brassage aucun, on enleva le plomb, en le soutirant par un tuyau de fonte. La désargentation était complète. On versa sur le même zinc une nouvelle dose de plomb et on opéra de même. On put ainsi, dans en essai, en se servant toujours du même zinc, ame-

ner sa teneur en,argent jusqu'à 25 p. 100, 'et cela sans