Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 49]

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GISEMENTS DE CHAUX PHOSPHATÉE.

qui apppartient également à l'étage du gault. M. de Molon a ensuite constaté l'existence de ce même gisement, dans le département des Alpes-1VIaritirnes, par exemple aux environs

de Grasse, et toujours au même niveau. Aujourd'hui la chaux phosphatée est reconnue en France, dans trente-neuf départements au moins. L'École des mines possède une nombreuse série de rognons phosphatés de ces diverses régions, provenant de l'Exposition de 867; la situation géographique des gisements se trouve résumée sur une carte d'ensemble. Mise en exploitation en France. - Après avoir constaté l'abondance de la phosphorite, M. de Molon pensa qu'il y avait lieu de l'exploiter et il se mit à l'oeuvre. Au point

de vue commercial et industriel, la tâche était ingrate; car il s'agissait de lutter contre les préjugés, et c'est surtout en agriculture qu'il est difficile d'innover. Il n'y a donc pas à s'étonner si cette entreprise, malgré son utilité réelle, n'eut pas le succès qu'elle méritait. La haute protection que l'Empereur accorde à toutes les idées neuves, susceptibles de contribuer à la prospérité du pays, protec-

tion, qui, dès le début, lui vint généreusement en aide, ne réussit même pas à la soutenir. Toutefois, si ces premières tentatives pratiques n'ont pas abouti d'une manière fructueuse pour ceux qui ont osé les aborder, elles ont ouvert la voie à une industrie nouvelle et créé une nouvelle source de richesse agricole. Bien que les couches du terrain crétacé, qui renferment la phosphorite, se retrouvent, en France, sur une grande éten-

due, comme on vient de le voir, on ne l'exploite que dans trois départements, principalement dans ceux des Ardennes et de la Meuse (canton de Varennes), et, en quantité beau-

coup moindre, dans le département de la Marne, aux environs de Sermaise. Ces rognons sont pris, en général,

à la surface du sol, et extraits par plus de r5o entrepreneurs.

GISEMENTS DE CH AUX PHOSPHATÉE.

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OH peut évaluer ainsi la production de i 867 Ardennes

12.500 tonnes

Meuse. Marne.

io.800 (*)

Le prix de revient actuel varie de 25 à 27 francs le mètre cube lavé, ou environ 18 francs la tonne rendue en gare. Le droit d'extraction payé au propriétaire du sol, qui était à l'origine de 5 à 6 francs par are, s'élève aujourd'hui jusqu'à 8 et io francs. L'argile qui enveloppe les nodules en est séparée dans des lavoirs (*"). Ces nodules sont pulvérisés, pour les besoins de l'agriculture, dans 5o usines ou moulins. Toutefois, au lieu d'opérer comme en Angleterre, où le phosphate minéral n'est jamais employé, qu'après avoir été traité par l'acide sulfurique et amené ainsi à l'état de superphosphate, puis mélangé à une certaine quantité de phosphate des os, on présente généralement en France, aux agriculteurs, la phosphorite à l'état

naturel, et n'ayant subi qu'une simple pulvérisation à la meule. On ne pourrait agir ainsi, si les rognons crétacés amorphes, employés dans ce dernier pays, étaient aussi difficiles à désagréger que les phosphates cristallins, tels que ceux de l'Estramadure. Découverte en Westphalie dans le terrain houiller. -Tin gisement de chaux phosphatée, assez abondant pour être exploitable, a été découvert en Westphalie, en 1861. Il appartient aussi aux terrains stratifiés, mais à des cou-. ches d'une autre époque que le terrain crétacé, d'où la phosphorite avait été jusqu'alors exclusivement extraite. Elle est disséminée dans les argiles schisteuses noires du bassin (") La production de la Meuse n'a cessé de croître depuis i862, où elle n'était que de 1.50o tonnes; en 1864 elle s'élevait à 5. 000 tonnes et en '865 à plus de 9.300 tonnes. (") Connue terme de comparaison, on rappellera qu'il arrive chaque année 208.000 tonnes de guano du Pérou dans la GrandeBretagne et 47.00o en France.