Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 47]

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GISEMENTS DE CHAUX PHOSPHATÉE.

cas, le phosphate de chaux ait passé aussi par l'organisme animal. Mais, de même que la houille n'a pas toujours conservé la. forme des végétaux qui lui ont donné naissance, le phosphate, celui des os, par exemple, peut avoir été dissous ultérieurement, puis précipité dans les sédiments où on le trouve enfoui ; il suffit pour cela de l'intervention d'agents, tels que l'acide carbonique, qui puissent pénétrer facileMent dans les roches, avec l'eau dans laquelle ils sont dissous. Première découverte des rognons dans les terrains strati-

On sait que c'est Berthier, auquel la connaissance des substances minérales doit tant de découvertes utiles, qui, le premier, attira l'attention sur la chaux phosphatée, ainsi disséminée en rognons ou nodules dans les terrains fiés.

stratifiés.

A Vissant (Pas-de-Calais), où la pyrite de fer était ex ploitée pour la fabrication du sulfate de fer, M. Longchamp avait reconnu que les eaux du traitement de la pyrite effleurie

renfermaient de l'acide phosphorique, qui s'opposait à la cristallisation. Berthier constata, en 1818, que les pyrites elles-mêmes sont exemptes de phosphore, mais qu'elles sont mélangées de phosphate de chaux, qui se montre parfois en rognons isolés (*) . Pour là première fois, en France, on trouvait cette utile substance en quantité notable ; jusqu'alors,

elle n'y avait été rencontrée qu'accidentellement, à l'état d'apatite cristallisée, comme à Chanteloube, près de Limoges, et aux environs de Nantes. Deux ans après, Berthier découvrait

la même espèce minérale dans des nodules qui avaient été recueillis au cap de la Hève, près du Havre, provenant de couches appartenant au terrain crétacé, comme celles des environs de Vissant (**).

Dans ces deux localités, où elle occupe à peu près le même niveau géOlogique, elle était très-difficile à recon(*) Annales des mines, i" série, t. IV, p. 625. 1819. (r*) Annales des mines, i" série, t. V, p. 197. 1820

GISEMENTS DE CHAUX PHOSPHATÉE.

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naître, non-seulement à cause de son état amorphe, mais aussi en raison de son association intime avec d'autres substances qui la masquaient, de la pyrite de fer et une argile charbonneuse à Vissant, du carbonate de chaux et de la glaucome au cap de la; Hève. Poursuite de cette découverte en Angleterre; mise en exCes premiers faits portèrent l'attention, en ploitation. Angleterre, sur des rognons semblables, renfermés aussi

dans le terrain crétacé et dans les grès verts. On doit à M. le docteur Fitton d'avoir décrit avec soin ces rognons phosphatés, dans son important travail sur les couches inférieures de la craie et d'en avoir montré la continuité, sur de des points .assez distants, dans les comtés de Kent et Surrey (*). Bientôt après, en 1848, M. Paine, de Farnham, annonça que le phosphate de chaux, dont les géologues venaient de mentionner l'existence, avait été employé avantageusement par lui, pour remplacer les os pulvérisés, comme amendement agricole, et que, d'ailleurs, il existe en quantité suffisante pour avoir une valeur économique ("). Des recherches faites aux environs de Farnham confirmèrent pleinement cette assertion (***). Le phosphate minéral ne tarda pas à donner lieu, dans cette partie de l'Angleterre, à une exploitation qui, dès lors, se poursuivit activement. Poursuite de cette étude en France. La grande analogie que présentent les couches du grès vert, des deux côtés de la Manche, devait conduire à les explorer aussi en France, au point de vue de la présence des nodules de chaux phosphatée ou phosphorite. M. Meugy, actuellement ingénieur en chef des mines, en étudiant avec attention différents (") On the sirota below the chalk. Geological transactions, 2e sé-

rie, t. IV, p. 3.

() Quarterly journal, t. IV, p. 257. Essai de géologie pratique sur la () Idem, t. IV, p. 258.

Flandre française, ,852, p. ho.