Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 43]

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DÉDUCTIONS.

DÉDUCTIONS.

l'oxygène de l'atmosphère est en excès, l'oxydation aurait été complète et n'aurait pas laissé de résidu métallique. Toutefois, quand nous disons que les masses terrestres ne renferment pas de fer natif, il est bien évident qu'il ne s'agit que de celles que les éruptions rendent accessibles à nos investigations, masses qui, à raison de la grande dimension de notre planète, n'en forment qu'une sorte de revêtement. Rien ne prouve qu'au -dessous de ces masses alumineuses qui ont fourni en Islande, par exemple, des laves si analogues au type des météorites de Juvinas, qu'audessous de nos roches péridotiques, dont se rapproche tellement la météorite de Chassigny, il ne se trouve pas des

Absence dans les météorites des roches stratifiées et du granite. - Les météorites, si analogues à certaines de nos roches, diffèrent considérablement de la plupart de celles qui forment l'écorce terrestre. La différence la plus importante consiste en ce qu'on n'a trouvé, dans les météorites, rien qui ressemble aux maté-

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massifs lherzolitiques, dans lesquels commence à apparaître le fer natif, c'est-à-dire semblables aux météorites du type

commun ; puis, en continuant plus bas, des types de plus en plus riches en fer, dont les météorites nous présentent une série, de densité croissante, depuis ceux où la quantité de fer représente à peu près la moitié du poids de la roche jusqu'au fer massif. Quelques faits viendraient peut-être à l'appui de cette manière de voir. Ainsi le platine, que sa forte densité avait probablement placé, à l'origine, dans les régions profondes, aurait été trouvé, d'après M. Engelhardt, associé à du fer natif. En tout cas, ce dernier métal est allié au fer, dans une proportion qui dépasse Io pour ion et qui suffit pour le rendre fortement magnétique. On peut ajouter que si, dans l'Oural, le platine n'ajamais été trouvé en place, il est souvent incrusté de fer chromé et qu'il a même été rencontré encore engagé dans des fragments de serpentine (*). Par cette association, ce métal paraît donc nous apporter une nouvelle preuve de l'existence des roches magnésiennes, de la famille péridotique, à des profondeurs considérables. (*) G. Rose, Reise nach lirai, t. Il, p. 390.Le Play, Comptes ren-

dus de l'Académie des sciences, 1846.

riaux constitutifs des terrains stratifiés : ni roches arénacées, ni roches fossilifères, c'est-à-dire rien qui rappelle l'action d'un océan sur ces corps, non plus que la présence de la vie.

Une grande différence se révèle, même quand on compare les météorites aux roches terrestres non stratifiées. Jamais il ne s'est rencontré dans les météorites ni granite, ni gleiss, ni aucune des roches de la même famille, qui forment, avec ceux-ci, l'assise générale, sur laquelle reposent les terrains stratifiés. On n'y voit même aucun des minéraux constituants des roches granitiques, ni orthose, ni mica, ni quartz, non plus que la tourmaline et les autres silicates qui sont l'apanage de ces roches. Ainsi, les roches silicatées qui forment l'enveloppe de notre globe, font défaut parmi les météorites. C'est seule-

ment, comme on l'a vu plus haut, dans les régions profondes qu'il faut aller chercher les analogues de ces dernières, c'est-à-dire dans ces roches silicatées basiques, qui ne nous parviennent qu'à la suite d'éruptions, qui les ont fait sortir de leur gisement initial. En tout cas, l'absence, dans les météorites, de toute la série des roches qui forment une épaisseur si importante du globe terrestre, quelle qu'en soit la cause, est une chose tout à fait remarquable. Cette absence peut s'expliquer de diverses manières; soit que les éclats météoriques, qui nous arrivent, ne proviennent que des parties intérieures de corps planétaires, qui auraient pu être constitués comme notre globe ; soit que ces corps planétaires eux-mêmes manquent de roches silicatées, quartzifères ou acides, aussi bien que de terrains stratifiés.