Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 302]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

PALÉONTOLOGIE.

REVUE DE GÉOLOGIE.

578

M. Ba r r an de (i) combat cette explication qui ne lui semble pas appuyée par des preuves matérielles. Il n'admet pas non plus que les couches à graptolithes des colonies puissent être considérées comme une zone de passage entre les étages D et E du silurien de la Bohême, car il n'y a jamais de mélange entre les espèces de la faune seconde et Celles de la faune troisième qui apparaissent dans l'étage D. De plus, la faune seconde a disparu, en Bohême, longtemps avant l'apparition normale de la faune 'troisième, en sorte que ces deux l'aunes sont séparées par une véritable lacune. M. Ba r r an d e maintient donc ses conclusions antérieures, tout en déclarant que si l'on arrivait à résoudre convenablement les difficultés que présentent les colonies de la Bohême, sans recourir à l'hypothèse de créations répétées ou à celle de migrations d'espèces, on rendrait à la science un service qu'il serait le premier à reconnaître.

Migrations. On a souvent cherché à expliquer par des migrations de proche enproche l'affinité qui se manifeste parfois entre les fossiles de pays très-éloignés les uns des autres : parmi les hypothèses proposées pour rendre compte de ces migrations, on a fait intervenir l'existence, à

certaines époques, de continents aujourd'hui submergés. C'est ainsi qu'on a supposé qu'il existait, pendant la période miocène, une Atlantide par l'intermédiaire de laquelle la flore de l'Amérique a pu s'étendre jusqu'en Europe. De même, Pour expliquer à la fois l'affinité de mammifères de Madagascar avec quelques-uns de ceux qui

habitent l'Hindoustan et les différences qui les séparent de ceux de l'Afrique, M. S clater a admis l'existence antérieure d'un continent qui reliait Madagascar aux Indes et qui comprenait seulement une partie de l'Afrique actuelle.

M, Jenki 118 (2) a discuté ces hypothèses; il croit devoir y substituer celle d'une Atlantide éocène, grâce à laquelle la faune et la flore miocène de l'Europe seraient le résultat d'une migration des espèces américaines effectuée pendant la période éocène ; depuis l'époque miocène elles se seraient répandues en Asie, en Afrique et dans les mers orientales, et une partie de la flore aurait repris

la route de l'Amérique par la voie de l'Asie septentrionale et du Japon. M. J en kins voit une confirmation de sa théorie dans ce fait que les plantes crétacées et éocènes d'Amérique appartiennent Noues Jahrb., 1866, 293. (2) Geol. Mag., III, 467. (4)

579

à des types qui paraissent être, en Europe, de date beaucoup plus récente. Il en résulterait: 0 que les organismes ont émigré de l'ouest vers l'est, d'Amérique en Europe, pendant l'époque éocène; 2° que les dépôts de l'ancien monde et ceux du nouveau devraient être considérés comme hontotaxiques et non comme synchroniques.

Fossiles remaniés. Les fossiles d'une formation peuvent être remaniés lors du dépôt de couches plus récentes et se trouver ainsi accidentellement mélangés avec une nouvelle faune. C'est ainsi que M. Conrad (i) signale l'existence, dans le terrain éocène de la Caroline du Sud, des formes crétacées suivantes : Ammonites placenta, Terebratula Harlani, Crypha mutabilis, Spondylus gregalis. M. Emmons avait déjà fait observer que les Belemnitella mucronata et Exogyra costata se rencontrent dans le miocène, mais à l'état remanié.

Medas'es fossiles. Des Méduses fossiles, appartenant aux genres Discophora, zostomida, etc., ont été découvertes, dans les schistes lithographic k el (2), qui en a donné ques jurassiques d'Eichstadt, par M. une description très-complète. Ce fait permet d'espérer que la géologie fournira un jour quelque lumière sur l'histoire naturelle des acalèphes.

Graptolithes. M. Nich oison (3) a découvert; dans les schistes à graptolithes du silurien inférieur de l'Écosse méridionale, une quantité de petits corps associés aux débris des graptolithes et qui paraissent constituer des cellules allongées terminées par une pointe. Les circon-

stances dans lesquelles ces petits corps s'observent, lui font conjecturer que ce sont des vésicules ovaires attachées, dans l'origine, à la tige des graptolithes, mais devenant libres par la suite. Il leur donne le nom de grapto-gonophores et conclut que, si sen hypothèse est exacte, les graptolithes devraient prendre rang parmi les hydrozoaires et dans le voisinage des Sertulariens. (I) Americ. fourre., XLIII, 260. N'eues Juhrb., 1066, 257. Geol. Mag., lii, 488.