Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 246]

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EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

ture de la roche granitique qui les contient. Les failles ou

mais elle se vérifie au contraire très-bien, ce qui tendrait à prouver que, dans cette région, l'action de ces émanations sut' les eaux infiltrées est plutôt physique que chimique. En effet, les eaux de Plombières, qui sortent immédiatement du granite, ne contiennent par litre que ogr,io à ogr,39 de substances minérales solides, soit ogr,3o pour la source du Crucifix qui est, pour sa température (43 degrés), la plus comparable avec celle que je vais citer : les eaux de Fontaines-Chaudes qui n'ont que 25 degrés, et qui jaillissent du pied d'un escarpement de grès vosgien produit par une faille, tiennent par litre 0gr,46 ; celles de Bains, qui ne traversent qu'une faible épaisseur de terrains solubles, contiennent ogr,48 de principes minéraux ; enfin les eaux de Luxeuil, qui traversent une épaisseur de terrains sédimentaires encore très-faible au point de vue géologique, mais considérable relativement aux précédentes, et au point de vue de la dissolution chimique, en accusent une proportion beaucoup plus forte, qui pour plusieurs d'entre elles passe gramme, et qui atteint igr,15 pour la source sud

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fractures de la roche granitique ayant généralement donné

naissance à des vallées et par Suite à des cours d'eau, et les roches sédimentaires ne s'étant pas déposées sur une épaisseur assez considérable pour akérer ce relief du terrain, chacune des stations thermales qui j'ai passées en revue se trouve placée dans une petite vallée qu'elle semble destinée à animer, et qui est toujours perpendiculaire à la grande arête de soulèvement, à l'axe granitique formant la rive gauche de la Moselle. Ainsi, les sources du Béherrey se trouvent clans la vallée de ce nom ; celles de Plombières, dans la vallée de l'Augronne ; celle de la Chaudeau, dans la vallée de la Sémouse ; celle de Bains, dans la petite vallée du Baignerot ; celles de Fontaines-Chaudes se trouvent sur un autre affluent du ruisseau le Concy ; enfin celles de Luxeuil correspondent à la vallée .du Breuchin.

Le granite n'étant composé que d'éléments presque insolubles, et ne pouvant rien ou presque rien céder aux eaux qui le traversent, les sources qui se montrent au jour immédiatement en sortant des fissures de sa masse, ne devront guère contenir d'autres élémentsminéraux que ceux-. qu'elles possédaient déjà avant d'y pénétrer, et qu'elles ont dû emprunter aux couches supérieures, encore inconnues à travers lesquelles elles ont filtré d'abord ; elles n'auront donc jamais qu'une faible minéralisation. Au contraire, les sources qui, en sortant du granite, traversent avant d'arriver au jour une certaine épaisseur de grès vosgien et de grès bigarré, devront être chargées des principes minéraux solubles existant dans ces roches, et en contenir une proportion d'autant plus forte, à égalité de leur température,. que l'épaisseur de ces terrains traversés sera elle-même' plus grande. Cette loi pourrait être modifiée si les émanations galeuses que .les eaux rencontrent dans les entrailles de la terre leur avaient cédé beaucoup d'éléments minéraux,

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des Bénédictins, dont la température est de 43 degrés. Dans cette gradation, le principe minéral dont la proportion augmente le plus est le chlorure de sodium, substance que le grès vosgien et le grès bigarré peuvent céder le plus facilement ; à Plombières, il est en proportion presque nulle, tandis qu'il forme : à Fontaines-Chaudes 21 p. moo, à Bains

17 p. 100, et à Luxeuil de 5o à 66 p. ioo du résidu fixe (64 p. ioo pour la source sud des Bénédictins). Ainsi, les eaux minérales de Luxeuil, que l'on voit sourdre du grès bigarré, viennent réellement du granite. Il y a certainement dans cette roche infiniment moins de cassures différentes qu'il ne s'en trouve dans les terrains supérieurs,

peut-être n'en existe-t-il qu'une seule ; en tout cas les eaux qui en proviennent se ramifient dans tous les sens en suivant dans leur marche ascendante les lignes de moindre résistance qu'elles rencontrent. Elles suivent le cours des