Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 245]

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EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

tion ou rechercher l'origine commune de toutes ces sources de composition très-différente, on peut affirmer cependant que les sources chlorurées sodiques de Reherrey, Luxeuil, Plombières, la Chaudeau, Bains et Fontaines-Chaudes, qui émergent toutes dans un rayon de 18 kilomètres, qui ont

être particulièrement ainsi dans cette région, témoin d'un bouleversement si puissant : on devra donc trouver des filons clans le voisinage de toutes les stations d'eaux minérales de cette région ; et, si l'on admet que le soulèvement du granite des Vosges ait été causé ou accompagné par un immense épanchement de granite porphyroïde, roche inférieure à lui, la masse de ces filons devra être formée de dépôts cristallins plutôt que d'éléments métalliques. Et en effet, à Plombières, ainsi que l'annonce M. Jutier, ingénieur des mines, les recherches faites au sein de la roche granitique, quoique ne dépassant pas une certaine profondeur, ont montré, non-seulement que les griffons d'eau minérale étaient accompagnés de filons, mais encore que chaque émergence d'eau distincte était, pour ainsi dire attachée à un filon particulier : le spath fluor, le quartz, l'hal-

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des compositions, des températures et des hauteurs de jaillissement analogues, doivent sortir du même terrain et être produites au jour par la mêmescause. Or leur température élevée, qui atteint 520 à Luxeuil, 46° à Bains, 7o° à: Plombières, prouve qu'elles viennent d'une grande profondeur, infiniment supérieure à l'épaisseur que peuvent

présenter les terrains sédimentaires, non-seulement ici, mais à une très-grande distance : il faut donc admettre qu'elles sortent du granite même. Cette origine est d'ailleurs confirmée par la présence constante du granite ou du porphyre à une faible distance du point où sourdent toutes les eaux ci-dessus citées, remarque due en principe à M. Thirria,.

Ainsi, à Luxeuil, les sources se trouvent à 8 kilomètres de Saint-Bresson ; à FontainesChaudes, elles sont à 5 et 6 kilomètres des affleurements granitiques de Harsault et de Bains ; à la Chaudeau, les

duterrain granitique

eaux sortent du grès vosgien, mais le granite se trouve sous cette roche à une très-faible profondeur, et se montre même au jour dans le lit du ruisseau de la Sémouse ; à Bains, elles sourdent à 3 kilomètres seulement d'un pointement granitique existant dans le grès vosgien, sur le territoire de Fontenois-le-Château ; au Reherrey, tout le terrain au jour est du granite ordinaire ou porphyroïde; enfin, à Plombières, seule localité où l'on ait exécuté des travaux

souterrains dépassant les couches du grès bigarré ou du grès vosgien, on a trouvé les griffons thermaux sortant de la masse même du granite. Les fentes ou cassures existant dans une roche granitique donnent presque toujours naissance à des filons ; il doit en

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loysite, le sulfate de baryte, sont les minéraux les plus habi-

tuels de ces filons. A Bains, à Fontaines-Chaudes et à la Chaudeau, on trouve des cristaux de sulfate de baryte et de quartz tapissant intérieurement les fentes du granite, ou celles des grès par lesquelles arrivent au jour les eaux minérales. Au Reherrey, la source minérale se trouve, sur le prolongement d'un filon de quartz et de fer oligiste. Aux environs de Luxeuil enfin, l'on trouve, à 14 kilomètres au nord-est, sur le territoire de Faucogney, uh filon de quartz contenant de la galène argentifère ; un autre de cobalt arséniate, terreux, et un troisième de bioxyde de manganèse qui a été exploité quelque temps ; on connaît à Saint-Bresson, à mo kilomètres environ des sources, deux filons de quartz mélangé de chaux fluatée et contenant de la galène; plus près encore des sources, on rencontre fréquemment le sulfate de baryte dans le grès bigarré, et l'on connaît enfin, à quelques pas de l'établissement, un filon de jaspe traversant le grès bigarré. Ainsi, les filons et les sources minérales, toujours associés ensemble, ne sont ici que les effets d'une même cause déterminante, le soulèvement et la frac-