Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 164]

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DE L'ACIER ET DE SA FARRICATION.

de précautions nouvelles. C'est ce qui a été fait par M. Margueritte; ce savant a pris des tubes en porcelaine vernis à l'intérieur et à l'extérienr, ce qui les rend, d'après les essais de M. H. Sainte-Claire-Deville, absolument impénétrables par les gaz des foyers. Dans une première série d'expériences, M. Margueritte a. d'abord vérifié cette imperméabilité; puis il a constaté que le fer tout à fait pur, provenant de roxalate, est aussi bien carburé par l'oxyde de carbone que le fer du commerce, dans lequel on peut soupçonner des traces d'azote. Pour que l'expérience réussisse, il faut cependant que le courant gazeux ne soit pas trop lent. L'acide carbonique produit, s'il n'est pas rapidement évacué par l'oxyde en excès, peut de nouveau brûler le carbone qui vient de s'unir au fer (*). La carburation du fer pur, provenant de l' oxalate, répond d'ailleurs aussi à une objection d'un autre genre, faite par M. Caron. Cet habile chimiste avait constaté que le siliciure de fer se transforme, sous l'influence de l'oxyde de carbone, en silice et carbure de fer, et il avait cru, d'après cela, pouvoir attribuer la décomposition de ce gaz à la présence d'un peu de silicium dans les fers du commerce. Le silicium, en effet, manque rarement, niais lorsqu'on le dose on voit qu'il est bois de proportion avec le poids de carbone enlevé par le fer à l'oxyde de carbone. Cependant M. Margueritte n'a pu dépasser, dans ses expériences, le degré de carburation qui correspond à l'acier, et stmble admettre qu'on ne pourrait. obtenir de la fonte par ce procédé. Il se trompe'à cet égard, car M. Stammer y est parvenu en faisant agir, pendant huit jours consécutifs, de l'oxyde de carbone sur le fer ; et d'ailleurs si l'oxyde de carbone est réellement dissocié à une (*) MM. Laurent et Lepla.y n'avaient pu réaliser la carburation du fer par l'oxyde de carbone (Annales de physique et de chimie, a' série, t. LXV, p. /105). Mais un chimiste allemand, M. Stammer, l'avait constatée dès i85n (Berylperks (celant L851, p. 588.)

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DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

température élevée, son action doit être la même que celle du carbone solide et pur. Or .ce dernier transforme le fer en carbure, comme le prouvent les expériences suivantes. Pour établir que le carbone cémente le fer sans intervention d'aucun autre élément il fallait opérer, comme pour l'oxyde de carbone, dans des vases imperméables aux gaz. M. Margueritte a placé dans un tube, doublement vernissé,

une petite lame de fer doux, s'appuyant sur les bords d'une nacelle de porcelaine et, sur le fer, un diamant. Avant de chauffer le tube on y fit passer, pendant plusieurs heures, de l'hydrogène pur et sec afin d'en chasser tout l'oxy-

gène qui aurait pu former de l'oxyde de carbone. Après cela, on chauffa le tube pendant quelque temps, et ouvrit l'appareil après refroidissement: La lame de fer était percée comme à l'emporte-pièce, et dans la nacelle on trouva un globule de fer carburé fondu. Dans une autre opération, on

mit de la poudre de diamant dans la capsule de porcelaine, on y plongea l'une des extrémités d'un morceau de fil de fer, puis on chauffa également au milieu d'une atmosphère d'hydrogène pur et sec. Le fer ne fut cémenté que dans la partie plongée au milieu de la poudre, tandis que la partie extérieure n'était pas modifiée. On doit donc rejeter

la volatilité du carbone admise par Laurent, et l'on voit, en définitive, que le carbone solide et l'oxyde de carbone carburent aussi bien, quoique moins rapidement, ce dernier surtout, que les composés gazeux, hydrocarbures et azotocarburés. Ces dernières expériences prouvent d'ailleurs que l'azote

n'est pas nécessaire pour cette carburation par le carbone pur. L'hydrogène, en effet, d'après M. Fremy lui-même, enlève l'azote au fer, en sorte que si cet élément était indispensable à la constitution de l'acier, l'aciération eût été impossible dans les expériences que je viens de citer, où le carbone et le fer se trouvaient au sein d'une atmosphere d'hydrogène pur. TOME XII, 1867.

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