Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 154]

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DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

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DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

Procédé de M. Martin de Sireuil.

L'insuccès, au point de vue de la qualité, fit cesser les essais de la Villeneuve fin 1862. On s'arrêta à mi-chemin. L'administration de la marine impériale, n'eût pas la persévérance de M. Bessemer (i). Celui-ci avait d'abord échoué, comme le commandant Alexandre, à cause de la qualité des fontes, mais il reprit ses essais, avec de bonnes fontes de Suède, et réussit. C'est ce que fit, pour le traitement au réverbère, M. P. Martin dans son usine de Sireuil. Après des tentatives assez nombreuses, un premier brevet fut pris le 28 juillet 1865 ; un certificat d'addition le 19 décembre

i865, et dès lors, dans le courant de 1.866 et 1867, dix autres certificats pareils moins importants (*). La méthode consiste à produire l'acier fondu au réverbère par la réaction du fer doux sur la fonte, avec ou sans intervention de minerais de fer riches. Le four employé est

un réverbère à une seule porte, muni de régénérateurs Siemens.

La porte unique est au milieu de l'une des longues parois, tandis qu'en face, du côté opposé, se trouve au point le plus bas de la sole un trou avec canal de coulée. Par (*) En février '8611, je fus consulté par Son Excellence le mi-

nistre de la marine, sur les essais du commandant Alexandre. J'indiquai, dans mon rapport, les causes de la mauvaise qualité des aciers, et je conseillai un meilleur choix de matières pre-

mières. Des acier puddlés ou cémentés de bonne qualité, pour la simple fusion, et un mélange de fonte aciéreuse et de fer doux supérieur ou d'oxydes purs, pour l'acier par réaction. j'ajoutai, que le succès ne me paraissait pas douteux, surtout à l'aide du four Siemens, qui permet de rendre les flammes, à. volonté, oxydantes ou réducti ves.

(**) M. Martin vient d'en publier la liste dans une brochure intitulée: Nouveau procédé de fabrication de l'acier et du métal homogène.

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les deux côtés étroits arrivent et s'échappent les gaz de «l'appareil Siemens. La section intérieure est un ovale tronqué ou un rectangle rétréci aux deux extrémités. La sole est en sable réfractaire argilo-quartzeux. Pour qu'elle puisse résister à la haute température du four, on ne lui donne qu'une faible épaisseur, moins de om, Io. Une plaque en tôle forte, refroidie en dessous par un courant d'air, ou de vapeur et d'air, supporte le sable. Après chaque opération, on répare la sole, en rebattant du sable frais dans les trous qui ont pu se produire. Avec ces réparations, elle peut durer longtemps. A la fin de chaque semaine, on retouche, bien entendu, les parois latérales ; et pour ce qui est de la voûte, on la refait intégralement toutes les trois semaines, ou, en général, à la suite de vingt-cinq ou trente opérations. Au devant du four, du côté où se trouve le conduit de coulée, un chemin de fer à chariots ou une plaque tournante, amène successivement à la fin de l'opération, sous le jet de métal percé, la série des lingotières. A proximité du four de fusion, on établit en outre un réverbère ordinaire, à sole plane, pour chauffer au rouge blanc les gueusets de fonte et les paquets de fer doux que l'on ajoute dans le cours de l'opération. Les dimensions desfours dépendent, bien entendu, de la grandeur des charges. A Sireuil, on opère sur 1.5oo à 2.000 kilog. A Firminy, chez M. Verdie, sur 5.000 à 5.5oo. Il faut que la profondeur du bain soit à peu près de om,io, comme dans le four Alexandre et dans l'appareil Bérard. L'opération est fort simple. On peut obtenir l'acier, ainsi que je l'ai déjà dit, soit par simple réaction du fer doux sur

la fonte, soit par l'action oxydante de minerais riches. A cause des difficultés provenant de la différence de densité et de l'action corrosive de l'oxyde de fer, le dernier moyen est moins facile à réaliser. M. Martin préfère la méthode de réaction par le fer, qui évidemment est beaucoup plus simple. Mais les expériences