Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 150]

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'ACIER ET DE SA FABRICATION.

DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

partage du carbone et des matières étrangères; par suite, dans ce dernier cas, la pureté du produit dépend uniquement de celle des métaux eux-mêmes. Cependant, même alors,

il y a affinage et oxydation partielle. D'après les expériences de M. H. Sainte-Claire-Deville, les gaz des foyers pénètrent dans les creusets et agissent comme oxydants. Dans la pratique, on se rapproche d'ailleurs, en réalité, des procédés Clouet et Uchatius,. en ajoutant, au mélange des deux métaux, une certaine dose d'oxyde de manganèse. Ce procédé de fabrication est beaucoup plus répandu qu'on ne le suppose généralement. Depuis nombre d'années, la plupart des grands fabricants d'acier fondu préparent l'acier ordinaire par ce mode de réaction. Krupp en Allemagne, Vickers et Naylor à Sheffield, plusieurs des fabricants de la Loire s'en servent couramment depuis vingt à trente ans. Je rappellerai simplement ici l'acier Trinquet, fabriqué dès 1846, à Saint-Étienne, par ce moyen (p. 1 9) . On ne fond l'acier cémenté que pour obtenir les qualités supérieures. La fabrication de l'acier fondu par réaction a été étudiée méthodiquement., vers i 86 o, par le commandant d'artillerie Alexandre (*). il a essayé successivement, dans de grands creusets, des mélanges de fonte et de fer doux, de fonte et de limaille (ou iournures) de fonte, en partie oxydée par exposition prolongée à l'air, enfin de tournures et de limailles brutes avec tournures et limailles oxydées. Les tournures et limailles provenaient à peu près toutes des ateliers de la marine impériale. i° Fonte et fer. On a mêlé succcessivement 5 de fer avec 0, 1, o,2, etc., jusqu'à 2 de fonte. ,

('e) Brevet du 29 novembre 1860 et rapport manuscrit. Dans la plupart des essais, on ajoutait, comme épuratif, une faible dose de carbonate d'ammoniaque. Addition fort inoffensive, très-probablement, à cause de sa volatilité, à moins que l'ammoniaque n'intervienne réellement, d'une façon utile, par son hydrogène.

2,5

Jusqu'à o,4 de fonte, on obtient du fer homogène et des aciers doux.

Depuis o,5 de fonte, l'acier se coule sans souillures et de. vient mi-dur, puis dur. On peut aller sans inconvénient jusqu'à la proportion de 5 de fer pour j de fonte, en opérant dans des creusets fer-

més. La qualité du produit dépend, bien entendu, de la pureté des matières premières. On a fait des essais avec de la fonte au bois de Ruelle, et de la fonte douce de Glasgow. Cette dernière, on pouvait le prévoir, ne convient guère. L'acier est court. En associant 2° Fonte en morceaux et limaille oxydée. 5 de limaille oxydée avec o,5 à i de fonte, on a de l'acier doux ; 2 de fonte donnent de l'acier dur ; et 5 de fonte, de l'acier extra-dur difficile à forger. A cause de la rouille, il se produit un déchet de 8 à 10 p. 100 et une scorie vitreuse qui couvre le bain. 5° Fonte en limaille et limaille oxydée. En remplaçant la fonte en morceaux, par de la limaille fraîche, le produit devient moins dur comme on pouvait s'y attendre. L'acier reste doux, tant que, pour 5 de limaille oxydée, on n'atteint pas 9 de limaille fraîche. On a de l'acier dur, dès que, pour 5 de limaille oxydée, on prend 5 à 4 de limaille ordinaire. Au delà, la ténacité diminue et lorsqu'on arrive à 6 de limaille brute, l'acier fondu devient un peu court. Enfin à 9 ou 10 de limaille non oxydée, il se produit une sorte de fonte mazée, ou d'acier sauvage, qui peut cependant se forger encore légèrement. Le déchet et les scories atteignent no à 12 P. 100. Les aciers, provenant de limailles oxydées, ont plus de corps que ceux que l'on obtient à l'aide d'un simple mélange

de fonte et fer. Cela prouve l'utilité de l'oxyde de fer, lorsqu'on opère en vases complètement clos. Ainsi, à défaut d'air, pour oxyder les éléments étrangers, on peut avoir recours aux oxydes de fer et de manganèse.