Annales des Mines (1867, série 6, volume 11) [Image 257]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

488

EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR.

hypothèse, pour vider la chaudière proprement dite (supposée remplie d'eau à mi-hauteur) et seulement l'un des deux bouilleurs, il se serait écoulé un nombre d'heures au

,,m3,557 +.0;00 4/.

moins égal à '

im3,400

8. Ce nombre de huit

heures est un minimum; car un autre calcul dans le détail duquel il est inutile d'entrer, nous a montré que d'après la quantité de charbon moyennement dépensée par jour suivant la déclaration du sieur Taillez, on ne demandait par heure à la chaudière qu'un poids de vapeur notablement inférieur aux 1. 5oo kilogrammes susmentionnés. L'usine ne marchant pas la nuit, le défaut d'alimentation remontait ainsi à la veille de l'accident, et d'ailleurs, si le sifflet d'alarme avait depuis trois jours des tendances si marquées à fonctionner, c'est que le malheureux Lambert laissait marcher la chaudière avec un niveau d'eau trop abaissé au-dessous de la hauteur normale. Cette obstination à ne pas tenir compte des indications persistantes du sifflet d'alarme est quelque chose d'inexcusable (*) chez mi chauffeur ayant, comme Lambert, conduit déjà des chaudières depuis un certain temps. Avant d'imputer ainsi au chauffeur le manque d'eau, nous avions dû nous demander si, à son insu, quelque vice de fonctionnement n'était Pas intervenu dans la pompe d'alimentation. Celle-ci a été établie dans des dimensions plus que suffisantes ; aussi ne la faisait-on jouer que d'une manière intermittente, en manoeuvrant un robinet d'air installé Sur le corps de pompe. L'examen des divers organes de la

EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A -VAPEUR.

489

pompe nous a montré qu'elle devait fonctionner convenablement, le clapet de refoulement en particulier retenait bien l'eau, ainsi que le prouvait l'existence de celle-ci dans 'toute la partie ascendante du_ tuyau de refoulement. D'autre part l'eau d'alimentation était prise dans une citerne où se rendent les eaux refroidies provenant du jeu des colonnes à distiller ou à rectifier, et le sieur Taillez déclare que dans la matinée du 15 septembre, il a vu couler comme d'habitude l'eau se déversant de cette citerne par un trop-plein. Enfin, eu égard aux dimensions des pompes spéciales desservant les appareils de la distillerie, les eaux provenant des colonnes distillatoires devaient être suffisamment froides ("). D'après ces détails le manque d'alimentation ne peut être imputé qu'au. chauffeur lui-même. Il avait l'habitude, nous

a-t-on dit, de remplir le soir sa chaudière pour qu'elle pût marcher quelque temps le lendemain matin sans être alimentée; le 12 au soir, Lambert avait certainement omis cette manuvre. Déjà le niveau de l'eau devait être au-dessous de la hauteur voulue et il a suffi le lendemain matin que Lambert négligeât encore une fois l'alimentation ou se trompât dans la manoeuvre du robinet de la pompe pour qu'on comprenne

l'abaissement rapide du niveau de l'eau. En même temps les parties de la tôle découvertes et soumises à l'extérieur au contact des flammes, s'échauffaient fortement et commu-

niquaient à la vapeur une température très-élevée, sans que la pression dépassât six atmosphères (seulement la va-

peur n'était plus à son maximum de saturation). L'existence de cette haute température de la vapeur explique le grand échauffement (") du tuyau de prise de vapeur. Lors-

(*) Avec une telle incurie, il est probable que la chaudière eûtelle été munie d'un tube indicateur du niveau de l'eau, Lambert en aurait négligé les indications comme celles du sifflet, ou plutôt n'aurait pu en tirer aucun renseignement ; car l'usage de ce tube est subordonné à des nettoyages fréquents qui l'empêchent de s'encrasser, et trop de chauffeurs sont sur ce point d'une grande négligence.

(*) On sait en effet qu'avec des eaux un peu trop chaudes les pompes ne fonctionnent plus. (**) Dans sa Notice sur les explosions de chaudières à vapeur, Arago relate divers exemples d'un pareil éChauffement des parties supérieures d'une chaudière.