Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 76]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

5o

NOTES.

NOTES.

« c'est qu'à proximité des quartiers peuplés, ils ont été fertilisés « au moyen des boues et des fumiers de la ville. « Au-dessus des grèves de la Seine, au nord, et sur le calcaire grossier, s'étend la plaine de Plle-de-France. Elle a été, entre a Montmorency, Saint-Denis, Noisy-le-Sec, entièrement prise par « la culture maraîchère, qui fait ici de gros légumes pour la halle, grâce aux engrais de Paris. Plus loin, sur les mêmes terrains, on ne rencontre que des céréales. Au sud-est de Meaux, à Corbeil, commence la Brie, plateau argileux qui, comme la Flandre, se livre à la culture industrielle; tandis qu'au sud-ouest, au. delà

ci vaux à Suresnes, comme à Nlarly et Besons, de 5.600 chevaux à

« de Versailles, la Beauce continué le plateau de Trappes et montre encore un grenier à céréales.

.Or, que faut-il à la Brie et à la Beauce, sinon de l'engrais flamand, des liquides concentrés susceptibles d'enrichir les fumiers de la ferme? Aux champs maraîchers de l'Ile-de-France, ce qui .

« convient au contraire, c'est un arrosage avec des eaux tièdes d'égout permettant d'échauffer le sol de bonne heure ou de lutter contre la sécheresse en été. Quant aux grèves de la- Seine, elles c vont, si l'on y fait passer un courant d'eau trouble, se colmater et devenir un vrai fond de marcites. « Mais I. première vue l'exécution paraît impossible. L'égout d'As« nières débouche à la cote 25 mètres, les grèves sont Io mètres plus haut, à la cote 35 mètres ; la plaine de Montmorency, Saint« Denis et Noisy, ou le réservoir qui l'alimenterait, doit se prendre à la cote 75 mètres, à 5o mètres au-dessus de la rivière; tandis que la Brie, à la cote Io° mètres, et la Beauce, à la cote 175 mètres, donnent à franchir des différences de niveau de 75 et 15o mètres; comment vaincre ici les obstacles? A la rigueur on en viendrait à bout avec la machine à vapeur; mais quand il s'agit de remuer 200.000 mètres cubes par jour, « on entre dans la création d'un matériel gigantesque et dans une « consommation de charbon presque illimitée. Heureusement une solution meilleure est à portée. « La Seine, malgré ses longues inflexions, garde une pente forte « de /. mètre par myriamètre; il en résulte une vitesse qui gêne la « navigation à la remonte et qui rend les barrages indispensables.

Il y en aura prochainement trois entre la sortie de Paris et Poissy : le premier à Suresnes, le second à Marly et Besons, le

troisième à Andresy. Réglés à 5 mètres et 2.',/to de chute, reteriant un fleuve de 75 mètres cubes à l'étiage sur les deux pre. /niers points et de 120 mètres cubes environ après le confluent, de l'Oise, les barrages créent des forces motrices de 2.Lioo che,

5;

Andresy : i ou 2 mètres cubes d'eau par seconde ne peuvent

être- difficiles à soulever par de pareilles puissances. En effet, les ingénieurs de Louis XIV, en construisant les ma-

« chines de Marly, ont résolu le problème que nous rencontrons devant nous aujourd'hui. Le vieil attirail de roues, de balanciers « et pompes dont la complication et le bruit ne répondaient qu'a u un effet utile insignifiant, a été remplacé par un système fort simple et très-énergique. Six roues de 12 mètres de diamètre « mènent chacune quatre pompes horizontales qui puisent l'eau en rivière et la refoulent d'un jet au sommet de la montagne. « Chaque roue prenant 200 chevaux de force travaillant sous une charge manométrique de 180 mètres, chasse 2.5ào mètres cubes par jour à 150 mètres de hauteur! Donc, chaque roue peut envoyer au plateau de la Beauce, et à plus forte raison en Brie, 2.0oo mètres cubes par jour, c'est-à« dire tout ce que Paris produit de liquides de vidanges, en les « supposant isolés et partout rassemblés. Si l'on considère les eaux d'égout et qu'il suffise de les refouler, non à 150 mètres

de hauteur mais à 50 mètres pour los envoyer au réservoir qui les dispersera dans Pile-de-France, il faut tripler le résultat .et compter sur 6.9oo mètres cubes en 24 heures. Si l'on descend encore d'altitude et qu'on veuille répandre les eaux

sur les grèves de la Seine où il n'y a que /0 mètres à franchir, au lieu de 50 mètres, le chiffre doit être quintuplé ; chaque roue puisera 3o.00o mètres cubes à l'égout et les ver« sera à la surface des alluvions de gravier .pour les transforu mer bientôt en prairies et en herbages. Avec six roues absorbant / 200 chevaux, avec le système actuel de la machine « de Marly, on aurait raison des 2.0.00o mètres cubes que versera l'émissaire. Si donc le barrage que l'on doit construire à Suresnes était des-

. cendu 7 kilomètres plus bas et porté à Asnières; si l'on dotait « ainsi l'embouchure en Seine d'une force motrice de 2.400 clicvaux, on peut affirmer que la solution économique serait compiète. La puissance de la chute mènerait les appareils de dragage « et de filtrage des solides d'égout, et enverrait les liquides dans la campagne, partout où la consommation agricole le &manderait. Cette consommation se fera-t-elle? L'éducation d'une popula« lion de cultivateurs est lente, il faut en convenir : elle exige du e temps, des efforts d'instruction, des sacrifices d'exemple; mais