Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 68]

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NOTES.

dérants aboutissent à cette conclusion adoptée par le conseil dans sa séance du !I juin 1864, à savoir que dans le cas où la Compagnie

des salines ne prendrait pas au plus tôt les mesures nécessaires « pour rendre inoffensives les causes d'infection qui siégent dans ses salines, » il y aurait lieu « d'exiger d'elle d'annexer des tours à condensation à ses fours à sulfate. » Sans nous arrêter à. quelques erreurs de détail contenues dans les considérants (car il n'est point exact que la loi belge impose des tours de condensation ni que les principaux établissements de France en soient pourvus), il est certain que la conclusion, si elle eût été adoptée par l'autorité préfectorale, aurait, le cas échéant, placé l'administration dans un grand embarras. En effet, il aurait très-bien pu se faire que l'usine ayant

érigé ces tours, eût continué, néanmoins, son émission d'acide; car cette émission ne tient pas seulement à l'absence d'un semblable condenseur, elle tient aussi et surtout à ce que les fours à sulfate de Dieuze ne sont pas à double mouille et à ce que l'acide provenant de la calcination est mélangé aux flammes du foyer. Or il est sans exemple que dans de telles conditions la condensation puisse être satisfaisante même avec des tours élevées, tandis qu'il y a des usines qui condensent très-convenablement, avec de simples bonbonnes, quand elles ont, d'ailleurs, des fours à double moufile (*). Si un conseil d'hygiène aussi éclairé que celui de la ettre l'administration, que penser Meurthe a pu risquer de compromettre des inconvénients que doit offrir la même mode de réglementation,

dans la plupart des départements de l'Empire, où les notions de chimie industrielle sont certainement bien mains avancées? Souvent aussi, avons-nous dit, les arrêtés d'autorisation fixent le procédé industriel de fabrication, ce qui peu t avoir des inconvénients de plus d'un genre. Voici, par exemple, un fait assez caractéristique, qui s'est produit dans deux départements considérables. Ayant eu à

réglementer des fonderies de suif, les conseils d'hygiène de ces deux départements ont fixé le procédé industriel de fabrication,

et chacun d'eux a rendu obligatoire lu procédé proscrit par l'autre. Le conseil de la Loire-Inférieure dit : « Dans le cas où les « graisses sont fondues dans Pétablissemeut, le seul procédé auto« risé est celui dit aux acides, qui consiste à opérer la fusion dans « un bain d'eau chaude, additionné de 5 p. zoo d'acide sulfu(') Ayant eu occasion de visiter l'établissement de Dieuze peu après le dépôt du rapport à la préfecture, nous présentâmes officieusement des observations dans le sens qui précède. Nous avons appris depuis que l'affaire avait été oumise à une nouvelle instruction.

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NOTES.

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« rique. » (Rapport de i856, p. 6.) D'un autre côté le conseil du Bas-Rhin formule la condition suivante : « Le sieur Richert en-

« ploiera exclusivement pour la fonte des suifs le procédé à la c( soude et à la potasse, et exclura tout autre procédé, notamment ceux qui consistent à chauffer la matière à feu nu et à faire usage d'acides... » (Séance du z5 août i851.) Ce dernier conseil fut du reste obligé, l'année suivante, de revenir sur sa décision à la suite de la réclamation du sieur Richert qui déclarait que « les conditions imposées entraînaient une trop grande infériorité dans ses produits. » Enfin, non-seulement les arrêtés prescrivent le mode d'assainissement et même le procédé de fabrication, mais il leur arrive fréquemment de fixer les dimensions des -appareils. Pour ne pas multiplier les exemples, nous nous bornerons à en citer un, priS au hasard dans la collection des rapports d'un des conseils les plus éclairés de France, celui du département du Nord (année v86/1.). On lit à propos du traitement des eaux de lavage des laines de MM. Seydoux et Cie : « A_ la partie supérieure du toit sera établi une hotte continue communiquant à une cheminée d'appel en bois de om,50 sur om,3o de section... Les fenêtres seront ferniées par des châssis dormants. La toiture de l'appentis se terminera par une hotte communiquant avec la cheminée des générateurs, par un conduit de o'n,25 sur 0'45 de section... » Et,

à propos d'eaux résiduaires de brasseries : « Les eaux provenant... seront reçues dans un bassin en maçonnerie, bien ci« mente et étanche, de zo mètres cubes au moins... Dans un des « murs du bassin, on établira une ouverture verticale de 0m,9.0 de large, qui sera fermée par un madrier de chêne fixe; ce madrier

sera percé, de Io en zo centimètres, d'ouvertures circulaires qui seront fermées par des chevilles de bois : c'est par ces orifices, successivement ouverts de haut en bas, au-dessus du dépût, que les eaux clarifiées seront décantées... Quelques conseils d'hygiène commencent cependant à réagir contre cette tendance à une réglementation exagérée, et l'on remarquèra cet exposé de principes, présenté en z859, à M. le préfet des Bouches-du-Rhône, par le conseil de son département « Vous aviez manifesté le désir que le conseil ne se bornât point à formuler un avis pur et simple sur l'autorisation ou Je refus « .qu'en cas d'adhésion au projet il fît connaître les conditions détaillées en vertu desquelles il y avait lieu d'autoriser. « Il est certainement des cas où, pour' rendre moins pénible à l'administration la tâche que lui impose sa haute sollicitude pour