Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 43]

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INFECTION DU SOL.

FOSSES D'AISANCES.

feuilles (*). On a ainsi tous les genres d'infection à la fois : du sol, par les infiltrations souterraines, des eaux par l'écoulement à la surface et de l'atmosphère par les miasmes qui se dégagent. Les déplorables habitudes hygiéniques d'une grande partie de la population ont suggéré au gouvernement, il y a une quinzaine d'années, une excellente mesure qui a déjà porté ses fruits : nous voulons parler de l'institution des commissions des logements insalubres. Ces commissions, bien qu'ayant spécialement en vue les conditions d'installation

de locaux, n'en ont pas moins eu pour résultat de faire disparaître bien des coutumes malsaines, en supprimant

(*) Quiconque n'a pas visité certains départements du centre et du midi, ne peut se faire une idée de la malpropreté révoltante qui

y règne. Il n'est pas rare de voir dans les rues des couches de 20 centimètres d'épaisseur de fumier, formé et exploité par les habitants. Dans les petites localités, avoisinant la montagne, où la paille manque, on la remplace par du buis, dont la décomposition nauséabonde ajoute encore aux odeurs des immondices. Le tout est arrosé par les eaux ménagères des maisons, et quelquefois même par des résidus industriels. M. Dumas, secrétaire du conseil d'hygiène de l'Hérault, nous assurait avoir vu jusqu'à 3o centimètres de fumier dans certaines localités des Basses-Alpes : on marchait

sur un vrai cloaque. Il ne faut point croire que ces faits sont inconnus dans les autres parties de la France. Voici, par exemple ce que constatait récemment, à Pavilly, le conseil d'hygiène de la Seine-Inférieure: « Dans un espace resserré, une population agglo-

» mérée de 7.000 habitants, ne sachant comment se débarrasser des immondices et des débris de matières animales et végétales, en compose des tas de fumier qu'elle arrose d'urines et d'eaux « savonneuses. Au centre et très rapprochées l'une de l'autre, se trouvent cinq tueries qui ont encore plus de peine à faire ému« ler les liquides et à cacher les intestins et les débris des animaux qu'on y abat. » Quant à la banlieue des grandes villes, nous n'en parlons pas. Chacun sait combien les moyens d'évacuation y sont imparfaits et les trous à ordures fréquents. Les cours et les rues secondaires y sont envahies par le fumier. Certains quartiers cle la zone annexée de Paris ou des petites villes environnantes ne le cèdent en rien, sous ce rapport, aux derniers villages de France. C'est là certainement une des choses qui attristent le plus le regard quand on vient d'Angleterre, où l'on perd l'habitude de voir LM fumier autour des habitations.

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les circonstances qui y avaient donné naissance. C'est en fournissant aux habitants des moyens d'évacuation réguliers, qu'on leur ôte le prétexte et la tentation de conserver les ordures dans leurs demeures ou de les répandre sur la voie publique.

Fosses d'aisances. - On s'est préoccupé d'améliorer les réceptables des matières fécales. On peut marquer, dans l'ordre chronologique des recherches, trois états principaux qui correspondent à ces trois types différents d'appareils les fosses fixés, les fosses mobiles et les fosses fixes ou mobiles à système diviseur.

Des fosses fixes proprement dites nous ne parlerons pas : les dispositions les plus perfectionnées se résument

dans. quelques ordonnances bien connues, qui sont pour ainsi dire le code de ce genre d'établissements. C'est à Paris que les prescriptions ont été le plus régulièrement observées. Dans les grandes villes on s'y conforme à des degrés divers, mais dans tout le reste de la France on peut dire que la mise en pratique de ces règles tutélaires est l'exception. Les fosses mobiles ordinaires, c'est-à-dire renfermant à la fois les solides et les liquides, constituent un premier progrès au point de vue de la préservation même du sol ; mais elles entraînent des inconvénients d'un autre genre : elles donnent lieu à des, manipulations fréquentes, s'imprègnent de mauvaises odeurs et laissent échapper les liquides quand elles

ne sont pas construites avec le plus grand soin. Or il est rare que ces réceptacles ne soient pas défectueux. Quelquefois même, comme au Havre, ils se réduisent à de simples bacs, qu'on place sous les siéges des cabinets et qu'on enlève habituellement chaque semaine. C'est la Compagnie des vidanges 'qui fait le service ; elle remplace, séance tenante, le bac plein par un bac vide. Quand les latrines sont dans Tons X, 1865.

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