Annales des Mines (1866, série 6, volume 9) [Image 237]

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DE LA SERRANIA DE CUENCA (ESPAGNE). ESQUISSE GÉOLOGIQUE 444 Les corps organisés fossiles ne se rencontrent que dans les calcaires et ils y sont assez rares. Je n'y ai trouvé que quelques empreintes indéterminables près Campillo de Paravientos ; mais MM. de Verneuil et Collomb ayant recueilli

dans cette localité l'ostrea /labellata, et près de Cuenca l'ostrea columba et 1' hemiaster Fourneli, ont pu assigner avec certitude l'âge des assises crétacées de la Serrania et reconnaître qu'elles appartenaient à la craie tufau ou au grès vert. Placées constamment en relief à la surface du terrain jurassique, ces assises participent à ses allures ; elles ondulent comme lui, sans présenter jamais d'inclinaisons com-

parables à celles qu'offrent les formations permienne et triasique. Le terrain crétacé recouvre, dans la Serrania, un espace assez considérable. Il y forme deux bandes à peu près parallèles et disposées symétriquement par rapport au soulè-

vement dirigé E. 51° S. 0. Si N., et qui occupe la partie centrale de la contrée.. Celle du Nord, tres-épatée dans les

environs de Zafrilla, de la Laguna, de Tejadillos et d'El Cubillo, se rétrécit à la hauteur de Moya et pénètre dans le royaume de Valence aux environs de Talaguelas. Près de Tejadillos, elle renferme dans sa partie inférieure, c'est-àdire dans les sables kaoliniques, des gîtes peu développés de combustible minéral qui rappellent ceux beaucoup plus importants que l'on exploite au même niveau à Utrillas et

à Torrelapaja en Aragon, ainsi que sur quelques autres, points de la Péninsule. La bande du Sud s'étend sur 15 kilomètres de largeur entre Buenache de la Sierra et Cuenca, et elle se poursuit avec le même développement jusqu'à la hauteur de Pajaroncillo où elle commence à diminuer d'étendue pour se terminer en pointe près de Cardeiiete. La petite

carte jointe à notre mémoire met bien en évidence la disposition à peu près symétrique des assises crétacées par rapport au ridement contemporain du système de la Thuringe.

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Terrain tertiaire miocène. Position qu'il occupe; sa comEn décrivant la constitution géologique de la

position.

Serrania, nous avons eu plusieurs fois l'occasion d'y signaler l'existence du terrain tertiaire. Il n'y occupe, il est vrai, qu'une place tout à fait secondaire, étant réduit à quelques lambeaux disposés dans le voisinage des deux cours d'eau les plus importants de la contrée; le Gabriel et le ruisseau de Mira. Pour le voir avec un certain développement, il faut se transporter sur la périphérie de la région montagneuse, soit à Cuenca, où, en s'étendant vers l'ouest il constitue la plaine extrêmement ravinée au milieu de laquelle la capitale de l'Espagne est assise, soit du côté du sud, où il se raccorde, par une pente douce, avec le plateau de la Manche.

Quand on aborde la Serrania par ce côté, c'est à la Roda qu'on quitte le chemin de fer de Madrid à Alicante. On est encore là dans la Manche, et l'on peut constater que cette grande plaine, aussi remarquable par sa platitude que par ses cultures, qui en font un des greniers de l'Espagne, présente une composition d'une grande uniformité, car, à part quelques pointements keupériens qui se montrent dans les environs de Quero et d'Alcazar de San-Juan, on ne voit dans

la tranchée de la voie de fer autre chose qu'un calcaire lacustre, grisâtre, recouvert de terre rouge peu profonde (*). Villalgordo , 12 kilomètres environ au nord-est de la

Roda, on traverse la vallée du Jucar, dont les flancs, passablement escarpés, offrent une bonne coupe du terrain ter(*) La couleur rouge intense des terres de la Manche se trouve rappelée dans les noms d'un grand nombre de localités de cette région, qui lui doivent évidemment leur origine, tels que : Torrubia, Villarrubia, Hornrubia, Pozorubio, Portalrubio, Rubiellos, etc. Il ne faut point confondre d'ailleurs ces terres rouges, si fertiles

du plateau tertiaire avec celles que l'on observe à la surface des calcaires jurassiques. Les premières sont toujours fortement calcaires, comme le prouvent les analyses suivantes qui se rapportent, le n° 1, à un échantillon de sable argileux d'un rouge de TOME IX, ,865.

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