Annales des Mines (1866, série 6, volume 9) [Image 228]

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ESQUISSE GÉOLOGIQUE

IW LA SERRANIA DE CUENCA (ESPAGNE).

les terrains qui flanquent, du côté du sud, le bassin houiller du Castillejo. En pénétrant dans la vallée de ce nom pour se rendre à la mine de houille, on observe un bouleversement considérable dans la stratification. Les calcaires dolomitiques qui couronnent le grès des Vosges dans cette direction s'élèvent, on se le rappelle, sous forme d'une muraille

mais ils sont, comme nous nous proposons de le montrer,

verticale, présentant une étroite coupure pour le passage du ruisseau. La partie de cette muraille qui forme le flanc oriental de la vallée a basculé sur sa base, et s'affaissant sur les marnes du muschelkalk, elle a déterminé un mouvement parallèle dans l'étage rocheux placé à la partie supérieure de la formation, de telle sorte que celui-ci semble reposer sur les marnes irisées. L'ordre de la stratification se trouve donc complé,tement interverti le long de ce renversement, qui s'étend jusqu'à une distance de plusieurs centaines de mètres du Castillejo. C'est au résumé un accident considérable, et qui, dans un pays aussi bouleversé

au gris verdâtre ou bleuâtre. Ces marnes sont magnésiennes, rudes au toucher ; elles se délitent en fragments

que l'Espagne, Montre bien la nécessité de se tenir constamment en garde contre les fausses indications que l'on pourrait tirer de certaines superpositions anormales. Marnes iriséés. Leur composition. Analogies avec le keuper

L'analogie que nous avons constatée entre le lorrain. muschelkalk de la Serrania et celui de la Lorraine se manifeste également pour le membre supérieur du système triasique. Elle est peut-être même plus complète pour ce dernier, car il est impossible de saisir une différence, quelque minime qu'elle soit, dans la composition des marnes irisées des deux régions. Ce rapprochement nous a paru présenter quelque intérêt, parce qu'il prouve que, malgré la distance de près de 5oo lieues qui sépare la Serrania de la Lorraine, le dépôt du keuper s'y est effectué dans des conditions identiques. Il est vrai que ce terrain ne renfermant que bien rarement des fossiles, les\ caractères minéralogiques des roches et leur composition peuvent seuls être invoqués à l'appui de l'assimilation que nous établissons;

parfaitement concluants. Comme en Lorraine, la masse presque entière du keuper

est formée, dans la Serrania, par des marnes offrant une grande bigarrure de couleurs, et présentant fréquemment, dans le même échantillon, la nuance rouge lie de vin mêlée

conchoïdes, et n'offrent que très-rarement une disposition schisteuse.

Quelques couches pierreuses sont intercalées au milieu d'elles ; ce sont des dolomies ou des calcaires dolomitiques, du grès, du gypse, du sel gemme, et enfin des hydrates de peroxyde de fer argileux et quartzeux.

Les couches de calcaire magnésien sont les plus répandues dans la formation ; on en trouve à différents niveaux; mais elles sont surtout développées à la base, vers le mi-

lieu et au sommet de celle-ci. En général, elles ne rappellent pas plus que celles de la Lorraine le facies habituel de la dolomie, 13ien qu'elles s'en rapprochent souvent beaucoup par leur composition. Les calcaires sont compactes,

d'apparence marneuse, d'un gris plus ou moins foncé, à cassure unie et mate, assez souvent fétides par percussion. Ils forment des couches peu épaisses ayant rarement plus

de 3e centimètres d'épaisseur, lesquelles sont terminées par des surfaces plates et lisses. Ceux qu'on trouve à la base du système sont grenus et même assez fréquemment cristallins ; ils se montrent aussi en bancs généralement plus puissants que les premiers. Le carbonate de magnésie entre pour une proportion plus ou moins notable dans la composition de tous ces calcaires ; quelques-uns sont même de véritables dolomies. En vue de bien mettre en évidence ce caractère qui lui est commun avec ceux que l'on rencontre dans le keuper de la Lorraine, nous en avons soumis un certain nombre à l'analyse Nous