Annales des Mines (1866, série 6, volume 9) [Image 227]

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DE LA SERRANIA DE CUENCA (ESPAGNE).

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ESQUISSE GÉOLOGIQUE

férieur est presque entièrement marneux, tandis que, dans le supérieur, plus consistant, les roches prédominantes sont des calcaires assez souvent magnésiens. En poussant plus loin le rapprochement, on ne peut s'empêcher de reconnaître que l'analogie se maintient même dans les détails. Ainsi les glaises bigarrées, gypseuses, qui occupent la base de la formation conchylienne dans la contrée de Cuenca, (5) sont bien évidemment l'équivalent de celles que l'on rencontre en Lorraine, au même niveau, associées au plâtre, et renfermant sur quelques points des dépôts de sel gemme.

L'étage des marnes grises qui. les surmonte est commun aux deux contrées. Il est vrai que les assises calcaires placées au sommet du dépôt dans lesquelles se trouve, en Lorraine, le gisement habituel de l' avicula socialis , de ' ammonites nodosus et du terebratula vulgaris sont, au contraire, extrêmement pauvres en fossiles dans la Serraina ("), et ne justifient en aucune façon la désignation sous laquelle la formation est connue. Toutefois cette différence n'est point de nature à infirmer le rapprochement que nous établissons, car il y a telle partie de la première contrée où, les calcaires du muschelkalk devenant dolomitiques, les fossiles disparaissent presque empiétement, et c'est sans doute à une circonstance de ce genre qu'il faut attribuer la rareté des débris organisés dans ce terrain aux environs de Cuenca. Les assises minces que l'on rencontre () Les glaises bigarrées gypseuses paraissent accompagner le muschelkalk dans ses divers gisements en Espagne. C'est du moins ce que l'on peut inférer d'un passage du mémoire de MM. de Verneuil et Collomb sur le royaume de Murcie, passage dans lequel lis signalent la présence du gypse, entre les grès rouges qui repré-

sentent pour eux le grès bigarré et les calcaires du muschelkalk. (**) Ils n'ensont pourtant pas complétement dépourvus; MM. de Verneuil et Collomb en ont recueilli sur divers points quelques-uns qui sont caractéristiques, et je possède du monticule sur lequel est bâtie, la ville de Moya un échantillon de muschelkalk, à la surface duquel on remarque de mauvaises empreintes, dont la détermination, sans intérêt d'ailleurs, présenterait beaucoup de difficultés.

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vers le haut de la formation présentent d'ailleurs en relief à leur surface ces empreintes allongées de forme cylindroïde, très-caractéristiques du calcaire conchylien, et elles en reproduisent en définitive, si complètement le type bien connu, qu'il est impossible de se méprendre sur leur âge.

On retrouve le muschelkalk dans la Serrania sur quelques points qui n'appartiennent pas au soulèvement dirigé E. 310 S. Ainsi il reparaît aux pieds de la Sierra de Valdemeca du côté de l'ouest ; mais comme il est promptement

recouvert dans cette direction par le terrain jurassique,. on n'en voit que les assises inférieures. Celles-ci sont très-

développées à la base du grand plateau qui termine la Sierra de ce côté ; elles renferment du gypse, des calcaires

magnésiens cloisonnés, et de véritables dolomies en bancs souvent très-épais. Le village de Valdemoro est notamment construit sur un petit tertre formé par des roches de cette nature.

Le muschelkalk accompagne également le relèvement par suite duquel le terrain carbonifère et les rès de l'époque

permienne se montrent le long des bords du Castillejo. Il décrit autour de ces derniers un arc de cercle qui, partant des environs d'Hinarejos, vient se terminer près de Narhoneta, et les enveloppe complètement du côté de l'ouest. A Hinarejos même on trouve les assises inférieures formant

un dos d'âne dont l'axe est dirigé nord-sud, et elles sont recouvertes, à stratification discordante, du côté de Landete, par les calcaires du Jura. A une petite distance de ce village, vers le midi, la formation conchylienne se montre avec tout son développement dans la Peiia Rubia ; elle est superposée

au grès vosgien qui constitue la masse principale de cette petite chaîne, et placée au-dessous des marnes irisées. Elle paraît là avec une inclinaison faible ; mais à l'extrémité méridionale de l'arc, vers Narboneta, ses assises sont fortement redressées, comme cela arrive d'ailleurs pour tous