Annales des Mines (1866, série 6, volume 9) [Image 167]

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304 ARRÊT DES TRAINS; APPAREIL DE M. DE BERGUE. un tuyau spécial qui permet d'envoyer dans les cylindres

une petite quantité de vapeur et de les maintenir à une température convenable. Les mécaniciens ont tout de suite trouvé dans cet appareil un moyen commode de faire opérer à leurs locomotives des mouvements très-peu étendus, comme ceux qui

sont nécessaires pour venir s'accrocher à un train, pour se rendre sur les plaques tournantes et les quitter ;' comme il leur est bien plus facile, grâce à la faible section de ce tuyau, de n'envoyer au piston que la quantité de vapeur juste nécessaire, ils l'ont utilisée immédiatement dans ce but. Dans le système de M. de Bergue, le mécanicien peut

donc obtenir les mêmes résultats que s'il battait contre vapeur, mais dans des conditions plus avantageuses. En effet, il n'a plus, pour s'opposer à la marche des pistons, une force fixe, invariable et brusque ; celle dont il peut se servir peut, être réglée à sa volonté et suivant les besoins. Il peut arriver à lui donner généralement une bien plus grande énergie puisqu'il lui est possible de la pousser jusqu'à ce que les roues patinent, quelle que soit la tension de la vapeur dans la chaudière.L'emploi d'une force progressive ne saurait avoir aucune action nuisible sur le mécanisme, et les cylindres, où l'on n'introduit pas d'escarbilles, sont conservés dans un état de poli parfait. Ce système a été établi sur une machine qui remorque les trains sur la rampe du Pecq à Saint- Germain qui est

la plus forte que l'on ait en France, puisqu'elle atteint o",o35 et que, dans l'origine, on n'avait pas cru pouvoir fa faire gravir par des locomotives ordinaires. La machine n° Il, qui en est pourvue, a fait depuis plusieurs mois un service double de celui qu'on leur demande d'ordinaire; elle marche une semaine sur deux au lieu de huit jours par mois.

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La sous-commission a pu constater que le procédé de M. de Bergue remplissait toutes les conditions qu'on peut demander à un appareil de ce genre. La vitesse du train peut, sans l'emploi d'aucun des autres freins, être ralentie et complètement détruite sans secousse et très-rapidement. Sur cette machine la compression de l'air s'accroît d'une atmosphère et demie par tour de roue et peut être portée jusqu'à huit atmosphères. Quand on n'a plus besoin de l'air. comprimé, on le laisse échapper progressi-

vement de manière à ne produire aucun sifflement de nature à effrayer les voyageurs. Cette invention paraît mé-

riter une sérieuse 'attention, car il y a certainement un très-grand avantage à donner au mécanicien le moyen d'arrêter toujours, et sans inconvénient, le train qu'il conduit. Les accidents si nombreux qui arrivent par la faute

et la négligence des gardes-freins pourraient ainsi être évités.

Ce système peut, du reste, être introduit sur toutes les locomotives, sauf des modifications de détail, et sans importance quant au fond. Le frein de M. de Bergue ne pouvant être employé que sur un train déjà en marche et ayant une certaine vitesse,

ne saurait dispenser les compagnies des autres freins, car ceux-ci sont nécessaires dans beaucoup de manoeuvres et dans les ruptures de Convoi; mais leur emploi deviendrait très-limité et pour ainsi dire accidentel si toutes les locomotives étaient pourvues du système de M. de Bergue, et si celui-ci réalisait, comme il y a tout lieu de le penser, les espérances qu'il fait concevoir. Cet inventeur .cherche,

du reste, à y apporter diverses améliorations. Les plus nécessaires seraient de trouver une nouvelle disposition pour la prise d'air. Elle forme, en ce moment, un obstacle dans la cheminée et nuit au tirage de la locomotive. La disposition du tiroir du régulateur et les moyens de le mettre en mouvement paraissent aussi susceptibles de cer-