Journal des Mines (1801-02, volume 11) [Image 14]

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SUR LA el/NRALCGIE

séder, , les ignoraient entièrement, comme tout le reste de la population, et, par conséquent, personne ne pouvait juger par soi-même de la conduite nécessaire à tenir dans l'exploitation des mines, dont en général l'utilité, ou le manque de bénéfice, dépend presque toujours des bonnes ou des mauvaises méthodes qu'on emploie. Dans ce mauvais état de choses il arriva, comme on peut le croire, que d'un côté tout Ce que le gouvernement avait entrepris dans les premiers tems qu'il se proposa de cultiver la

minéralogie en Piémont, coûta beaucoup à

l'état, fatigua le trésor public par les dépenses, sans qu'on pût espérer solidement du bénéfice, et fut enfin abandonné ; que d'un autre côté les entreprises de ce genre , faites par des particuliers , n'ont pas eu une meilleure issue. La plupart de ceux-ci, beaucoup plus ignorans encore que les directeurs des mines préposés par le gouvernement , séduits par des charlatans

remplis d'idées chimériques et trompeuses, courant après des projets fantastiques, après l'espoir de trouver de l'or et de l'argent, qu'ils ne ' rencontraient jamais, négligèrent les autres métaux qui étaient sous leurs mains, et qui auraient pu les enrichir, et finirent par épuiser et perdre entièrement leur fortune. Qu'il soit vrai que ces malheurs sont arrivés chez nous par pur effet de l'ignorance, on peut

le démontrer facilement ; car malgré ce peu d'aptitude à la bonne réussite de part et d'autre, on ne manque pas d'exemples de gens qui, ayant su s'instruire ou ayant eu l'adresse de se mettre entre les mains de véritables connais--

D U PIMONT.

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seurs de la science des travaux des mines qu'ils voulaient entreprendre, ont eu le bonheur de

retirer de ce travail des bénéfices d'une très arande importance; quelques-mis même de ceux qui étaient déjà ruinés pour s'y être mal pris ayant eu le bonheur ensuite d'écouter et de suivre la direction des véritables connaisseurs, en peu d'années ont éprouvé que l'exploitation même qui était ci-devant la cause de la perte de leur fortune, mieux dirigée, devenait la source de gains incalculables. Nous connaissons tous des exemples multipliés de ce que j'avance ici, sans qu'il soit encore nécessaire que je m'y arrête davantage (1). Une autre cause non Moins essentielle, qui faisait qu'on ne pouvait point activer l'exploitation utile des mines, c'est la mauvaise législation qui existait à cet égard. Les propriétaires

des fiefs avaient le privilép-,e de pourair exploi(1) La mine de cuivre du Rinzonclale ne valait point à la compagnie qui la cultivait dans le commencement, on y associa les Gioanetti, et elle est devenue très-productive. Le citoyen Chiavoletti avait presqu'entièrement épuisé sa fortune à la mine de plomb et argent de Tende ; mieux dirigée par un nouveau associé, dans une année ou deux nonseulement elle a suffi à le défrayer des pertes, mais elle lui a valu en outre un gain considérable. La mine de cuivre d'Oloinont , vallée d'Aoste, produisait très-peu ; en ayant

changé le directeur, l'ex-comte Perron, qui en était le propriétaire, en a retiré pendant le cours de douze à quinze années plus de cinquante à soixante mille livres, annuelles de bénéfice net, outre la paye des ouvr* iers. Les mines d'or de Mactignaga ne donnaient point de bénéfice lorsqu'on les travaillait pour le compte du gouvernement; entre les mains d'une bonne compagnie, elles donnent encore à présent un produit importait, etc. -etc.